-
La Compagnie des Animaux
-
Qu'est ce que la Rhinopneumonie du cheval ?
Qu'est ce que la Rhinopneumonie du cheval ?
A la fin du mois dernier, l’épidémie a démarré au concours de Valence, en Espagne, où étaient regroupés plus de 750 chevaux. Depuis elle s’est étendue en France et en Europe, imposant la mise en place de mesures sanitaires importantes. La maladie en cause est la Rhinopneumonie, dans sa forme la plus grave : la forme neurologique (virus EHV1), dont la mortalité peut atteindre les 40%.
Qu’est-ce que la Rhinopneumonie chez le cheval ?
C’est une maladie virale, causée par un virus de type Herpès, d’où les noms de EHV4 : Equine Herpès Virus de type 4, et EHV1 : Equine Herpès Virus de Type 1.
Regroupée le plus souvent avec la grippe équine sous l’appellation de « viroses respiratoires », la Rhinopneumonie provoque pourtant 3 formes de maladies différentes :
- La forme respiratoire, le plus souvent due à EHV4, mais pouvant aussi être provoquée par EHV1.
- La forme abortive (provoquant des avortements en fin de gestation chez les juments), due à EHV1.
- La forme neurologique, de loin la plus grave, due à EHV1.
Tout le problème, avec les virus Herpès, c’est leur capacité à rester « masqués » sans provoquer de symptômes, on parle de portage latent.
Ils restent en dormance et se réveillent lors d’une modification du fonctionnement immunitaire, stress, fatigue, transport, maladie, …
Comme le savent tous ceux qui ont des poussées d’herpès buccal lors d’un stress ou d’une fatigue. On considère que plus de 70 % des cheptels équins voient circuler le virus.
Lorsque celui-ci apparait, la contagiosité est très importante, il passe par les éternuements (aérosol) à plus de 5 mètres, et peut être transporté par les mains, le matériel, les supports inertes comme les camions ou autres.
L’incubation, c'est-à-dire la période entre laquelle le cheval contracte la maladie, et l’expression de symptômes, est très variable, elle peut aller de 2 à 14 jours, et nécessite donc une surveillance longue des chevaux exposés.
Rhinopneumonie EHV1 : « La plus grave épidémie à EHV1 en Europe depuis des décennies » dit la Fédération Equestre Internationale
Quels sont les symptômes de la Rhinopneumonie du cheval ?
Forme respiratoire :
C’est le plus souvent un syndrome grippal, avec fièvre, jetage (écoulement nasal), larmoiements, éternuements et ébrouements, parfois toux sèche, appareil respiratoire atteint, fatigue, perte d’appétit, lorsque les symptômes sont marqués.
Parfois les symptômes sont bien plus frustes, plus discrets, comme une grippe mais plus bénigne, surtout chez les chevaux vaccinés.
Forme abortive :
Le plus souvent due à EHV1, mais parfois aussi à EHV4, l’avortement se produit généralement en fin de gestation, sans signes avant-coureurs. Le poulain expulsé est mort-né, et cet avorton est très contagieux. S’il survit c’est souvent deux à trois jours, et ce poulain est également une source de contagion pour tout l’effectif.
Forme neurologique :
C’est celle qui est en cause dans l’épidémie actuelle, c’est une myéloencéphalite.
Il est le plus souvent cité une fièvre, ce qui amène à surveiller la température des chevaux exposés deux à quatre fois par jour.
Les symptômes neurologiques sont dus à la privation d’oxygène des neurones (ischémie due à l’atteinte de la paroi des vaisseaux sanguins). Ces signes sont très variables d’un individu à l’autre : incontinence urinaire, difficultés à déféquer, incoordination motrice, ataxie, difficulté à se coucher, difficulté à se relever…
Toutes les atteintes nerveuses sont observées, et un cheval qui ne peut se relever meurt rapidement, sauf à être l’objet de soins intensifs.
Atteinte neurologique et chutes (source RESPE)
Quels diagnostics et traitements pour la Rhinopneumonie du cheval ?
La 1ère orientation est bien sûr clinique, en fonction des symptômes observés et de la contagiosité.
Le diagnostic de certitude est fait en laboratoire, par écouvillonnage pharyngé et prise de sang.
Le résultat du labo donne les cas positifs, c'est-à-dire les chevaux qui portent le virus dans leur organisme, mais ce peut être un portage latent, et dans ce cas les chevaux ne sont pas malades cliniquement. C’est comme toujours l’observation des signes cliniques qui prime pour poser le diagnostic.
Il n’y a pas de traitement spécifique contre la Rhinopneumonie, le traitement est dit symptomatique, on lutte contre les symptômes que l’on observe :
- Faire baisser la fièvre ;
- Lutter contre la toux ;
- Diminuer la douleur ;
- Stimuler l’appétit ;
- Perfuser en cas de déshydratation ;
- Maintenir les grands appareils vitaux en état de fonctionnement.
C’est tout le travail actuel des équipes vétérinaires sur site à Valence, avec des systèmes de harnais et de relevage pour maintenir les chevaux debout et éviter qu’ils ne se blessent en tombant.
Prévention de la Rhinopneumonie du cheval
Il existe un vaccin qui combine les souches EHV1 et EHV4, mais comme il n’est pas obligatoire, il est dommage que tous les chevaux ne soient pas vaccinés.
Il n’est pas efficace à 100%, et notamment pas contre la forme nerveuse, mais il faut raisonner en termes d’éffectif, et non d’individu. La vaccination, à la même date, donc permettant d’avoir une immunité de groupe, permet de limiter la circulation du virus, et diminue son excrétion par les porteurs latents.
La vaccination passe par une primo vaccination en 2 injections à quelques semaines d’intervalle, puis des rappels tous les 6 mois sont fortement recommandés.
Gestion de la crise actuelle de la Rhinopneumonie du cheval
Comme pour la crise sanitaire humaine, les chevaux sont confinés à l’endroit où ils sont malades, donc à Valence pour la majeure partie, et ailleurs où la maladie a été transportée.
Ils sont soignés et surveillés sur place, en quarantaine, isolés totalement du reste de l’effectif, comme les humains qui s’en occupent.
La Fédération Française d’Equitation a été la première à réagir (saluons au passage la présence d’esprit du Président Serge Lecomte et de la Directrice Technique Nationale Sophie Dubourg) en annulant tous les regroupements de chevaux sur son territoire dès le début de l’épidémie et jusqu’au 28 mars, suivie dès le lendemain par la FEI (Fédération Equestre Internationale) dans 10 pays d’Europe.
Les recommandations sont les suivantes en cas de risque :
- Isoler les chevaux suspects (box sans contact autour) ;
- Suivi température 2 fois par jour ;
- En cas de signes cliniques (fièvre, toux, jetage, atteinte neurologique, œdème, …) prévenir votre vétérinaire ;
- Faire réaliser des tests ;
- Mettre en place : isolement strict (avec pédiluve), nettoyage, désinfection, vide sanitaire, marche en avant (= commencer les soins par les chevaux sains).
Pour la vaccination :
- Vaccination d’urgence des animaux déjà vaccinés (rappel vaccinal), en bonne santé, dont le rappel remonte à plus de 6 mois ET n’ayant pas été en contact avec des foyers avérés ou suspects.
- Vaccination d’urgence des animaux non vaccinés et non exposés (n’ayant pas été en contact avec des foyers avérés ou suspects); cependant, la vaccination n’aura un effet protecteur que dans les 1 à 3 semaines qui suivront la seconde injection de vaccin (soit 4 à 6 semaines après la première injection).
- Pour les chevaux exposés : La vaccination est déconseillée car inutile à ce stade de la maladie, ne pouvant prévenir l'infection qui a déjà eu lieu.
En conclusion, la crise sanitaire chez les chevaux due à EHV1 est loin d’être terminée car des cas apparaissent dans différents départements, et les mesures d’interdiction de regroupements seront réactualisées en fonction de l’évolution de la maladie.
Souhaitons le plus grand courage possible à ceux qui se battent aux cotés de leurs chevaux confinés en Espagne, ainsi que ceux qui sont rentrés en France.
Vu les difficultés rencontrées pour soigner les chevaux à Valence, la FFE demande le rapatriement en urgence des chevaux français, suite au prochain épisode…
Découvrez nos autres articles similaires :