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La Compagnie des Animaux
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La gourme, l'angine du cheval
La gourme, l'angine du cheval
Dans le chapitre « Grandes Maladies des chevaux » nous avons déjà traité la Rhinopneumonie en mai. Abordons maintenant la gourme, maladie infectieuse, contagieuse, spécifique aux équidés, existant partout dans le monde.
Qu'est-ce que la gourme ?
C'est une maladie infectieuse très contagieuse, propre aux équidés, affectant surtout les jeunes chevaux de moins de 5 ans. La gourme n’est pas une maladie virale (due à un virus, comme la Rhinopneumonie ou la Grippe), mais bactérienne : Streptococcus equi subsp equi.
D’autres bactéries du genre Streptococcus equi peuvent être responsables d’autres atteintes, notamment respiratoires et d’angine de type gourme.
Comment se transmet la gourme ?
Elle se fait soit par contact direct entre les chevaux, en particulier des sécrétions nasales (c’est le cas le plus fréquent), soit par un support : eau, matériel, aliment, … Cette bactérie est résistante dans le milieu extérieur, elle survit notamment plusieurs jours dans l’eau.
La maladie est favorisée par la concentration et la circulation importante de chevaux (écuries de courses, centres équestres, …).
Quels sont les symptômes de la gourme ?
Les symptômes apparaissent 3 à 14 jours après contamination :
- On observe de l’abattement, de la fièvre (39 à 40 °C), une perte d’appétit.
- Puis un jetage séreux (écoulement au niveau des naseaux, translucide) et la gorge douloureuse (le cheval tient sa tête en extension). On parle d’un tableau d’angine gourmeuse.
- Puis un jetage muco-purulent (écoulement au niveau des naseaux, opaque et jaune), les ganglions de la gorge sont chauds, douloureux, volumineux, évoluant parfois en abcès
Comment diagnostiquer la gourme chez son cheval ?
Le diagnostic passe par une analyse : d’un prélèvement des sécrétions nasales, et d’une prise de sang.
La maladie dure environ 20 jours.
Il y a guérison sans séquelles dans 90% des cas, complications dans 10% des cas (abcès à d’autres endroits du corps, par exemple dans l’appareil digestif). 10% des animaux guéris resteront « porteurs sains », c’est-à-dire qu’ils conservent la bactérie dans leur corps sans être malades, et peuvent, si la maladie resurgit, contaminer les autres. C’est essentiellement pour cette raison que cette maladie persiste dans les effectifs.
La mortalité par gourme reste faible (1 à 10%), mais la convalescence est longue et coûteuse (4 à 6 semaines)Dans une écurie ayant connu un passage de gourme, on évalue à 3 mois le temps nécessaire pour éliminer la bactérie responsable.
Quels sont les traitements contre la gourme ?
- Isoler les animaux malades pour limiter la transmission, gérer le matériel (licols, brosses, seaux, …), instaurer des règles d’hygiène pour les personnes (mains, chaussures, …)
- Faire le choix entre l’administration d’antibiotiques ou le fait de faire mûrir les abcès par l’application de cataplasmes : ce choix dépend du stade de la maladie et de son expression. On choisira plus les antibiotiques quand les abcès ne sont pas encore formés. Mais lorsque ceux-ci sont observés, il vaut mieux laisser évoluer la maladie pour que les défenses immunitaires jouent leur rôle : Soit cataplasmes chauds et répétés sur les abcès afin de provoquer leur mûrissement, puis ouverture des abcès et lavage ; soit antibiotiques de type Penicilline G pendant 10 jours
Comment prévenir la gourme du cheval ?
Les mesures en milieu sain
Isolement et observation des nouveaux animaux introduits, hygiène globale des écuries (matériel, eau, …)
Les mesures dans une écurie infectée
Isoler des malades jusqu’à guérison complète et éviter les mouvements d’animaux- Désinfecter de façon poussée le matériel et les locaux- Détruire les litières souillées
Les vaccins
Il existe aujourd’hui un vaccin (injection dans la lèvre), effectué sur les effectifs lorsque le risque de gourme a été identifié. Il ne faut pas vacciner les chevaux ayant été récemment en contact avec la bactérie car le risque de réaction vaccinale est élevé.
La gourme n’est pas éradiquée, il est donc important de garder à l’esprit son existence potentielle et de connaître les principaux symptômes.
Dr Aude Lhérété, vétérinaire et rédactrice