Même si elle n’est pas fréquente, la péritonite infectieuse féline, ou PIF, est une maladie très grave car elle ne se guérit pas, c’est-à-dire qu’elle est mortelle dans quasiment 100% des cas. Comment cette maladie se développe-t-elle ? Quels sont les traitements utilisés ? Aujourd’hui des molécules jusqu’ici non autorisés sont enfin à l’étude en France et montrent des résultats encourageants !

Qu’est-ce que la péritonite infectieuse féline (PIF) ?​

La péritonite infectieuse féline est une maladie virale mortelle qui se présente sous deux formes (humide ou sèche) et qui touche surtout de jeunes chats de moins de 2 ans (surtout s’ils ne sont pas stérilisés) ou des animaux beaucoup plus vieux (plus de 13 ans).

Quel est le virus responsable de la péritonite infectieuse féline (PIF) ?

Le virus de la PIF est un alphacoronavirus félin pathogène, un virus enveloppé à ARN. C’est un coronavirus au départ bénin qui aurait ensuite muté. Les infectiologues n’ont pas d’explication sur la raison de cette mutation, qui est d’ailleurs actuellement encore mal expliquée.

Depuis les années 80, l’on sait que le coronavirus félin existe en effet sous deux formes ou biotypes en fonction des leurs différences antigéniques et génétiques (liées à la protéine S) : le coronavirus entérique ou FEVC provoquant une banale diarrhée ayant une affinité pour les cellules intestinales, et le virus de la péritonite infectieuse féline ou FIPV (également un coronavirus) ayant une affinité pour les macrophages.

La classification de ces deux virus et de leurs différents sérotypes est très discutée (notamment en raison des différences dans les conséquences biologiques et cliniques des nombreux sérotypes) car ils ne provoquent pas les mêmes symptômes. Mais ils ne présentent pas de différences morphologiques ou sérologiques permettant de les différencier.  

Certaines études (Jaimes 2020) laissent penser qu’il s’agit de deux virus bien différents. Cette distinction et une compréhension meilleure de ces deux virus pourraient peut-être permettre d’améliorer le diagnostic et la réponse à certains de traitements médicamenteux.

Quel est le virus responsable de la péritonite infectieuse féline ?

Quels sont les symptômes de la péritonite infectieuse féline (PIF) ?​​

Après quelques signes peu spécifiques au départ, léthargie (fatigue), anorexie (perte d’appétit), perte de poids et fièvre (plus de 40°C), la maladie peut évoluer soit en :

  • Forme humide (30% des cas) : Les cellules du système immunitaire réagissent au contact du virus en déclenchant une vascularite (lésions des vaisseaux sanguins) ; et par conséquent une importante production d’un liquide jaune dit d’épanchement (due à la perte d’étanchéité des vaisseaux) qui va remplir l’abdomen (ascite) dans environ 60% des cas, ou le thorax de votre chat (pleurésie et épanchement péricardique) dans 16% des cas, ou même les deux à la fois dans 20% des cas. 

Les signes associés seront donc des difficultés respiratoires et cardiaques lors de l’envahissement du thorax ou des difficultés digestives si le liquide remplit l’abdomen, voire les deux ou encore de la fièvre.

  • Forme sèche : elle se traduit surtout par une inflammation importante d’un ou de plusieurs organes (cerveau, yeux, intestin, foie, reins, peau…) en raison de la production de petits « granulomes » (nodules) sur ces organes, entrainant des signes très variables en fonction de l’endroit touché : convulsions, hydrocéphalie (accumulation de liquide céphalorachidien dans le cerveau), ictère, adénomégalie mésentérique (inflammation des ganglions au niveau de l’intestin), hémorragie et décollement de la rétine, nystagmus (mouvements saccadés des yeux)…

Les deux formes peuvent se succéder et même coexister. Dans les deux cas, malheureusement l’issue est mortelle à plus ou moins court terme.

Quels sont les signes cliniques de la PIF ?​​

Comment diagnostiquer la péritonite infectieuse féline (PIF) chez votre chat ?​​

Il existe des tests pour détecter le coronavirus félin (analyse PCR sur un prélèvement rectal ou sérologie) mais les tests ne sont pas capables de faire la différence entre les deux types de coronavirus félin. C’est l’endroit où le virus provoque des troubles, en un mot les signes de la maladie qui vont être révélateurs ainsi que les bilans sanguins et lors d’ascite l’aspect jaune « citrin »…et compléter la suspicion forte amenée par un test positif.

L’imagerie peut également amener une forte suspicion par la radiographie (épanchement pleural, cardiomégalie), l’échographie (éventuellement avec des prélèvements associés) et l’IRM (encéphale et moelle épinière).

  • Si le test au coronavirus est positif, sans les signes de la maladie, on ne sait pas si votre chat est porteur d’un coronavirus entérique « banal » ou du responsable de la PIF ;
  • Si le test au coronavirus est positif, avec une sérologie dont le titrage d’anticorps est très élevé, et que votre chat est fortement malade, avec une ascite (épanchement abdominal) par exemple, il est probablement atteint de PIF ;
  • En revanche si le test est négatif et que votre chat est malade, il est probablement malade d’autre chose que de la PIF.

Le diagnostic de certitude n’est établi qu’à l’examen histopathologique soit de façon très invasive (biopsie) soit après la mort de l’animal

Pour autant, la péritonite infectieuse féline est un vice rédhibitoire, avec un délai de déclaration du diagnostic (délai de rédhibition) de 30 jours et un délai de suspicion de 21 jours depuis l’adoption du chat pour faire le diagnostic.​

Comment diagnostiquer la péritonite infectieuse féline chez votre chat ?​​

Comment votre chat attrape-t-il la péritonite infectieuse féline (PIF) ?

Les chats se contaminent principalement par voie orale ou nasale lors d’un contact avec des matières fécales infectées. Les litières contaminées sont donc la première cause de contamination.

Le risque de contamination augmente proportionnellement avec le nombre de chats vivant au même endroit (20% pour des chats vivant seuls versus 87% pour des chats vivant en collectivité). En effet le virus résiste assez longtemps, c’est-à-dire plusieurs semaines, dans un environnement sec et tempéré (sol, murs, matériels, couchages, vêtements…).

Il est admis aujourd’hui que la transmission horizontale d’un chat à l’autre du virus FIPV ne se produit pas même si l’on peut aussi retrouver le virus dans la salive, les sécrétions respiratoires et les urines.

La maladie apparait généralement dans les 6 mois à 1 an et demi après une contamination avec le coronavirus ; 3 ans après une contamination sans signes de maladie, le risque de la voir apparaitre est faible (4% seulement des chats développent la maladie). Si le chat est porteur, la maladie peut également se développer à l’occasion d’un événement particulièrement stressant.

Peut-on guérir votre chat de la péritonite infectieuse féline (PIF) ?

Il n’existe aucun traitement efficace autorisé pour les chats malades de la PIF en France. Certains chats peuvent vivre quelques temps, sans dégradation trop importante, mais ils finiront par mourir car les traitements symptomatiques autorisés (fluidothérapie, antibiothérapie, corticoïdes, cyclosporine, interferon, chlorambucil, cyclophosphamide…) ne ralentissent pas assez et pas longtemps la maladie.

Les produits à action immunostimulante comme par exemple, Dogteur immunoprotect,  Munisan ou Miloa Immune supp ou à base de curcuma peuvent également aider à réduire les signes cliniques de la maladie.

Il existe aussi un vaccin intranasal contre la péritonite infectieuse féline d’efficacité discutée mais qui n’est pas disponible en France.

Peut-on guérir votre chat de la péritonite infectieuse féline ?

Enfin, aujourd’hui sont étudiées des molécules antivirales aux résultats TRES prometteurs mais pour l’instant sans AMM en France et malheureusement très couteuses :

La GC376 (inhibiteurs des protéases virales 3CL) et surtout la GS-441524 (métabolite actif du Remdesivir). Elles sont donc pour le moment utilisées en dehors du cadre légal, suivant les recommandations du Dr Pedersen de UC Davis (Voir la thèse du Dr. Juliette Sotin 2021 pour les détails) et notamment en évitant au maximum toutes les causes possibles de stress.

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