Info ou intox ? On prête aux ronronnements du chat et au chat lui-même des pouvoirs thérapeutiques pour l’être humain, mais attention, un grand nombre des effets supposés n’ont pas aujourd’hui été validés d’un point de vue scientifique et certaines affirmations sont un peu rapides. Toutefois il est impossible de nier l’effet bénéfique des animaux sur l’être humain, alors qu’en est-il du ronron ?

Un vétérinaire Toulousain à l’origine du terme ronronthérapie

Les bienfaits de la « ronronthérapie »

Le ronronnement du chat est un son de basse fréquence, entre 20 et 50 hertz, émis par la vibration du larynx, et amplifié par la cage thoracique du chat qui agit comme une caisse de résonance. Si votre chat ronronne à côté de vous, vous percevez le son dans votre oreille et aussi physiquement par de petits capteurs situés dans la couche profonde de la peau.

Selon le Dr Jean-Yves Gachet, cette vibration déclencherait ensuite la production de sérotonine, dont l’effet apaisant permettrait à notre organisme de gagner en bien-être… « Le ronron apaise et agit comme un médicament sans aucun effet secondaire » pour le Dr Gachet. Et le vétérinaire ajoute très justement, « le ronronnement agit sur le mental » un peu « comme une madeleine de Proust » probablement comme l’effet du fredonnement de la mère qui endort son bébé. Notre confrère toulousain a également recueilli des témoignages d’une cinquantaine de volontaires qui ont écouté 30 minutes d’un enregistrement du ronronnement d’un chat avec le CD « Détendez-vous avec Rouky » : ils ont déclaré avoir ressenti du bien être et avoir eu un endormissement facilité.

« C'est un puissant anti-stress, régulateur de la tension artérielle, boosteur des défenses immunitaires et soutien psycho-moteur. (...) À fracture égale, le chat se rétablit trois fois plus vite que tout autre animal. Les vibrations émises par le ronronnement ont d'ailleurs été reproduites par des kinésithérapeutes pour accélérer la cicatrisation osseuse ».

Effectivement, de nombreuses voies thérapeutiques utilisent aujourd’hui l’effet positif des ondes dans le cadre de l’amélioration du bien-être au sens global et médical et également du traitement de la douleur…

Le ronronnement chez le chat

Si sa production est bien connue (les vibrations du larynx) sa fonction l’est beaucoup moins. Les chats ronronnent en situation de bien être mais également, et c’est moins connu, en situation de douleur aiguë. Il est donc indéniable que cette expression vocale et vibratoire se déclenche lors d’émotions intenses, positives ou négatives. Là où il est plus délicat de donner une interprétation (car les chats n’utilisent toujours pas notre langage !) c’est dans quel but !!! Et notamment la grande question reste de savoir si ce comportement est consciemment produit, c’est-à-dire intentionnel, ou seulement un des effets de leurs émotions comme le serait le rougissement d’une personne émue, donc incontrôlé.

Il est possible qu’un chat utilise le ronronnement pour exprimer consciemment son bien-être ou pour, en cas de mal-être (douleur etc.), pour essayer d’aller mieux, mais aujourd’hui nous n’en avons pas encore la preuve. De la même façon, l’apaisement des chatons par leur mère au moyen du ronronnement est une constatation mais ne montre pas que celle-ci sait ce qu’elle fait ou le fait exprès… ces hypothèses passionnantes restent à démontrer !

Des effets bénéfiques observés sur l’être humain

Les bienfaits de la « ronronthérapie »Votre chat fait partie des facteurs qui diminuent le risque de décès par une maladie cardiovasculaire : en effet, d’après un sondage réalisé sur une population de séniors, en entendant son chat ronronner, l’être humain aurait un stress diminué et une tension artérielle plus basse… Mais les études ne départagent pas l’effet de s’occuper de leur animal de celui d’entendre les ronronnements.

Posséder un chat serait plus efficace que de posséder un chien, ce qui pourrait appuyer également un effet intéressant du ronronnement que le chien ne produit pas, ou s’expliquer tout simplement par une gestion globalement plus facile de l‘espèce féline. Le chien en revanche fait sortir son humain plus souvent de chez lui…

Les propriétaires d’animaux se rendraient également 15 à 20% moins souvent chez leur médecin généraliste, en raison d’effets positifs de l’animal sur le système immunitaire, mais le ronronnement semble peu impliqué dans ce processus qui semble plus biochimique.

Enfin, les enfants autistes bénéficieraient eux aussi d’un impact très positif du chat sur leur état, sa présence favorisant l’ouverture à l’autre et le partage. Les chats seraient plus souvent choisis pour les thérapies facilitées par l’animal pour les enfants atteints de troubles autistiques, car ces enfants s’identifieraient plus facilement à eux.

Comment ça marche ?

Ce serait les basses fréquences (entre 20 et 50 Hertz) et leurs effets au niveau cérébral qui permettraient de déclencher des émotions plutôt positives chez l’humain, classant du coup le ronronnement parmi elles.

Ces fréquences sont utilisées également en médecine pour accélérer la cicatrisation tissulaire, osseuse et musculaire.

Le Dr Gachet recommande aussi la « ronronthérapie » pour ses effets sur le sommeil et l’endormissement, et les difficultés liées au jet-lag.

Si la « ronronthérapie » n’est pas officielle, elle n’est pas forcément une utopie. L’effet de l’animal, notamment en psychiatrie, est bien réel. Les personnes qui possèdent un chat jouiraient d’une bien meilleure santé psychologique… alors si vous le pouvez, faites une double bonne action pour vous et pour lui : allez dans un refuge et adoptez un chat, ou si vous ne pouvez pas, fréquentez un bar à chats !

Dr Muriel Alnot, vétérinaire et rédactrice