La piroplasmose est l’une des grandes maladies infectieuses des équidés. Elle est transmise par des parasites externes, les tiques, qui peuvent être infestées et inoculer cette pathologie le plus souvent grave. Après avoir décrit la maladie et ses circonstances d’apparition, nous aborderons sa prise en charge et sa convalescence.

Qu’est-ce que la piroplasmose chez le cheval ?

Quel est l’agent infectieux ?

Ils sont au nombre de deux, et ces « piroplasmes » ont pour noms scientifiques :

  • Babesia caballi ;
  • Babesia équi, encore nommé Theileria équi, que l’on considère comme le plus grave des 2.

Les chevaux peuvent attraper soit l’un, soit l’autre, soit les deux.

Ces agents infectieux ne sont ni des virus ni des bactéries, mais des protozoaires, c'est-à-dire de tous petits animaux constitués d’une seule cellule.
Ces piroplasmes sont des parasites microscopiques. Injectés par la tique infestée, ils vont coloniser les globules rouges du cheval, s’y développer, puis les faire éclater, entrainant ainsi une anémie (diminution du nombre de globules rouges et baisse du taux d’hémoglobine, voir article correspondant).

Voici une image de globules rouges infestés par des abésias (Copy Cirad)

Comment l’agent infectieux pénètre-t-il ?

C’est une tique infestée par les piroplasmes qui va les injecter lors de sa morsure, les parasites étant contenus dans sa salive.
Heureusement, toutes les tiques ne sont pas porteuses, car vu le nombre de tiques présentes sur les chevaux, tous seraient alors malades !

Les tiques sont des parasites externes de la famille des acariens :

Voici les différents stades de développement d’une tique

Les tiques chassent à l’affut, perchées principalement dans les broussailles des haies, ou sur les arbustes, ou les hautes herbes… Lorsque l’animal passe à proximité, faisant vibrer les branchages, elles se laissent tomber sur lui, se déplacent jusqu’à trouver le bon endroit pour s’implanter (elles préfèrent les zones où la peau est la plus fine et les vaisseaux sanguins nombreux et superficiels). Elles restent fixées environ une semaine, se gorgent de sang, puis se détachent pour aller pondre dans la nature.

Il y a deux pics de prolifération des tiques dans l’année, un au printemps, l’autre à l’automne. Elles vivent bien en période douce ou chaude, mais elles peuvent survivent facilement lors d’un hiver clément, et peuvent même résister à un hiver rigoureux. Bref, elles sont là toute l’année.

Quels sont les symptômes de la piroplasmose chez le cheval ?

Notion de chevaux porteurs

Avant tout, il faut savoir que la présence des piroplasmes n’entraine pas obligatoirement la maladie, certains chevaux sont dits « porteurs », c'est-à-dire qu’ils portent la maladie sans la déclarer, ou qu’ils l’ont eue et continuent de porter les piroplasmes après avoir guéri.

Ces chevaux sont plus précisément des porteurs latents, car la maladie peut se réveiller à l’occasion d’un stress ou d’une fatigue : les défenses immunitaires diminuent et la maladie peut alors s’exprimer ou récidiver.

Ces chevaux porteurs servent également de réservoirs, et les tiques peuvent s’infester à leur contact puis retransmettre ensuite le parasite à un autre cheval (il n’y a pas de transmission directe de cheval à cheval).

C’est pour cette raison que les chevaux porteurs de piroplasmose ne peuvent ni voyager ni être vendus dans les pays indemnes de piroplasmose comme les USA ou le Canada.

Chevaux malades

  • Forme aigüe :

Les chevaux atteints de piroplasmose présentent un tableau clinique de cheval malade :

  • Abattu, fatigué, tête basse, indifférent à son environnement, perte d’appétit, … ; 
  • Fièvre importante, pouvant dépasser 40 °C ;
  • Jaunisse : « ictère hémolytique » du à la destruction des globules rouges, entrainant la coloration jaune des muqueuses.

C’est grave et il faut réagir rapidement : Il faut bien comprendre que cette destruction massive des globules rouges est la même chose qu’une hémorragie, donc parfois mortelle en 24 à 48 h.

  • Forme chronique :

Lorsque la maladie est moins grave on observe des symptômes variables d’un cheval malade mais peu spécifiques : fatigue, méforme, fièvre inconstante, …
Que ce soit dans sa forme aigüe ou chronique, la piroplasmose est donc difficile à diagnostiquer à la seule constatation des symptômes cliniques. Il faut donc toujours y penser et la rechercher, voire la traiter sans attendre en cas de forte suspicion.

Comment faire le diagnostic de piroplasmose chez le cheval ?

On peut réaliser un étalement du sang et rechercher visuellement sous microscope optique les parasites dans les globules rouges. L’intérêt est de pouvoir le faire immédiatement. Si l’on voit les abésias c’est un diagnostic de certitude. Par contre ne pas les voir n’élimine pas la maladie.

La technique la plus sure consiste en la réalisation d’une prise de sang et l’envoi du prélèvement dans un laboratoire spécialisé. Malheureusement il y a un délai de réponse, et parfois il faut traiter avant d’avoir la certitude qu’on est bien en présence d’une piroplasmose.

Quels sont les traitements de la piroplasmose chez le cheval ?

Traiter la cause

Seul votre vétérinaire est à même de prescrire et de réaliser un traitement.
Il n’y a pas de traitement spécifique mais c’est en général un puissant antiparasitaire qui est utilisé, l’imidocard (nom commercial Carbésia) sous forme d’injection.

C’est un traitement très puissant et qui a l’inconvénient d’avoir des effets secondaires dont les plus à craindre sont les coliques. C’est donc un traitement délicat, qui va demander une surveillance attentive.

Traiter les conséquences

  • Traitements symptomatiques :

Votre vétérinaire mettra en place tous les traitements permettant de juguler les symptômes : faire baisser la fièvre, aider le cheval à éliminer les éléments libérés par les globules rouges, gérer les œdèmes s’il y en a, etc …

  • Convalescence :

Après une telle maladie, le cheval va mettre un moment à récupérer. Il lui faudra du repos, des soins, une prise en charge adaptée, et des prises de sang régulières pour surveiller l’ensemble des paramètres sanguins, en particulier l’anémie secondaire à la maladie.

Les compléments alimentaires visant à aider le cheval à refaire son stock de globules rouges seront alors les bienvenus.

Par exemple, Haemolytan, de la gamme Equistro : est un aliment complémentaire qui contient des vitamines, minéraux et oligoéléments ciblant les états de fatigue, de méforme, d’anémie, particulièrement dans les situations à risque dont la convalescence après une maladie comme la piroplasmose. Sa composition est particulièrement intéressante en ce qui concerne les apports en Cuivre et en Zinc (souvent en apports insuffisants dans les rations). Haemolytan apporte du Fer, essentiel dans le bon fonctionnement des globules rouges, certaines des vitamines du groupe B pouvant manquer lors de fatigue, et de la vitamine K indispensable à une bonne coagulation.

Quelle prévention pour la piroplasmose chez le cheval ?

L’objectif est de lutter contre les tiques. On peut agir de trois façons :

Lutter contre l’habitat des tiques

Il faut alors tailler les haies de façon à ce qu’elles ne dépassent pas au dessus des clôtures, débroussailler, éviter les arbustes dans les paddocks ou à proximité, préférer les balades en plaine plutôt que dans les sous-bois.

Voilà ce qu’il faut éviter : un arbuste dont les branches dépassent au dessus de la clôture

Eviter que les tiques ne se posent sur le cheval

C’est par l’utilisation de produits répulsifs ou insecticides que l’on poursuit cet objectif. Des produits existent, comme Flymax N’Tick (Audevard), dont la durée d’action n’excède pas 4 heures et doit donc être appliqué avant chaque promenade.

Eliminer les tiques avant qu’elles n’injectent la maladie

Il y a un délai de quelques jours entre l’accrochage de la tique sur le cheval et l’injection des piroplasmes. Il faut donc observer soigneusement les chevaux au pansage et enlever immédiatement les tiques que l’on observe. Il existe un petit outil en plastique dit « crochet à tiques » qui permet d’enlever la tique avec sa tête par mouvements circulaires. En effet, il faut éviter de laisser la tête de la tique dans la peau car il peut exister un risque de formation d’un kyste.

Tique accrochée avec la tête incrustée dans la peau

En conclusion, la piroplasmose est une maladie potentiellement grave, fréquente, à coté de laquelle il ne faut pas passer. La convalescence nécessite des soins appropriés permettant au cheval de recouvrer au plus vite sa forme et sa santé.

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