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La Compagnie des Animaux
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Les bases de maréchalerie : parage et ferrure du cheval
Les bases de maréchalerie : parage et ferrure du cheval
« Pas de pied, pas de cheval », c’est Shakespeare qui l’a dit, et nous le répèterons toujours. Le maréchal-ferrant est le métier qui a précédé celui de vétérinaire, et nous devons rendre hommage à cette profession qui est à l’origine de la nôtre. En tant que soigneur, ou cavalier, ou propriétaire, il vous sera utile voire indispensable de connaître les bases du parage et du ferrage.
Le parage chez le cheval
L’art de la maréchalerie, c’est le parage, pas la ferrure. On peut poser des fers les plus confortables sur un pied mal paré, ça n’ira pas.
Le parage est l’acte de couper, rogner, râper, la corne du pied, qui pousse d’environ 1 cm par mois et se renouvelle de haut (couronne et bourrelet périoplique) en bas (usure si pied déferrés, pas toujours adaptée). Rappelons que le cheval est un onguligrade, il marche sur son ongle.
Rappels anatomiques
Les étapes du parage sont les suivantes :
- Couper la paroi en raccourcissant la pince, tailler la fourchette.
Parage de la fourchette
Parage de la pince
- Nettoyage de la sole avec un outil indispensable nommé rénette.
Sole parée à la rénette
- Râpe pour finitions du parage.
Râpe
Après toutes ces opérations qui nécessitent de la force, de la délicatesse, et beaucoup de savoir, le pied est prêt, paré. Il n’y a pas deux pieds identiques, même chez un même cheval, il faut s’adapter au cheval, à sa forme, à ses aplombs et si ceux-ci sont défectueux, s’appliquer à corriger les forces avec intelligence et modération.
Pied paré
Peut-on laisser un cheval pied nus ?
Oui bien sur, c’est le cas des poulains, des chevaux au pré… Mais la mode actuelle intégriste de vouloir mettre tous les chevaux pieds nus n’a pas de sens. C’est à évaluer au cas par cas, en fonction des pieds, des terrains, des données orthopédiques … Il faut en parler avec votre maréchal et votre vétérinaire, certains chevaux seront mieux déferrés, d’autres en souffriront.
La ferrure et le ferrage chez le cheval
Le terme « ferrure » désigne ce que l’on met sous les pieds des chevaux, leurs « chaussures » si vous préférez, et le terme « ferrage » est l’acte de ferrer.
Voici la description d’un fer simple (acier simple) :
En général les fers ont deux pinçons aux postérieurs, et un seul, en pince, aux antérieurs.
Des termes techniques désignent les adaptations du fer : couverture, ajusture, étampure à maigre ou à gras, …
Les mortaises permettent de visser des crampons, comme pour les baskets de rugby, au bout des branches du fer, afin que le cheval ait plus de prise sur les terrains en herbe qui peuvent être glissants.
Pourquoi ferrer un cheval ?
- Pour prévenir l’usure de la corne sur des sols qui sont parfois abrasifs comme la route, les chemins durs, le mâchefer des pistes de trot, …
- Pour protéger et stabiliser : éviter les cailloux ou les chocs qui peuvent provoquer bleimes (contusion, « bleu » sous la corne) et abcès de pied, prévenir les glissades qui peuvent être dangereuses sur les chemins sablonneux et l’herbe, …
- Pour soigner des affections orthopédiques : l’appareil locomoteur est soumis à de nombreuses contraintes mécaniques et peut avoir dès l’origine des problèmes d’aplombs ou de fragilités : arthrose, tendinites, desmites (ligaments) etc… La ferrure fait partie intégrante de la prise en charge par le maréchal et le vétérinaire.
Les chevaux sont ferrés à froid (rarement) ou à chaud (le plus fréquent) :
- La ferrure à froid est réservée à des fers qui ne peuvent être appliqués à chaud, ou a des chevaux qui ne supportent pas la chaleur et la fumée de la ferrure à chaud.
- La ferrure à chaud implique un travail de forge à chaud, et le fer est présenté face au pied afin, en brulant la corne, de permettre un contact optimal. Le fer est ensuite refroidi pour être cloué et rivé.
Le travail de forge pour adapter le fer
Application du fer chaud. Crédit Denis Leveillard, Maréchal Ferrant
Voici différents types de fer, des plus simples aux plus compliqués, et évidemment à des prix très variables :
Ferrure acier simple aux postérieurs
Ferrure acier simple antérieurs : la perfection dans la simplicité, noter qu’il n’y a que 6 clous et non pas 8, et une bonne couverture (largeur du fer). Crédit Denis Leveillard, Maréchal Ferrant
Copyright ACR - Pose de fer aluminium, plus souple, plus déformable, d’usure plus rapide (le cheval « fait » sa chaussure), dit « full rolling » car le pied peut fléchir plus rapidement.
Copyright ACR - Fer aluminium full rolling à oignons (branches élargies pour protéger la partie postérieur du pied = barres) avec plaque amortissante (= semelle) entre le fer et la paroi, découpée en fourchette.
Egg Bar Shoe ici en acier et sans plaques : Ferrure en forme d’œuf, plus confortable pour par exemple des problèmes de naviculaires car elle répartit au mieux les forces d’appui lorsque le pied arrive au sol.
Ce ne sont que quelques exemples, car fers et combinaisons de ferrures sont infinies, … mais toujours avoir à l’esprit que « l’art de la maréchalerie, c’est le parage ».
Quand à vous, en tant que soigneur, vous devez :
- Savoir déferrer un cheval.
- Avoir le matériel pour déferrer : dérivoir, marteau de maréchalerie, pince arrache clou.
- Avoir une rénette pour nettoyer la sole et savoir chercher un abcès ou une bleime (avec la pince à sonder).
En conclusion, le maréchal doit passer toutes les 6 semaines, voire un peu moins souvent selon les chevaux. C’est un budget incontournable et qui doit être prévu dans l’entretien d’un cheval, même si celui-ci vit déferré.
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