Vous entendrez, et lirez, souvent « ce cheval est naviculaire », ou « il a la maladie naviculaire », c’est faux ! Il y a plusieurs sortes de problèmes, plusieurs types de maladies, pour certaines tolérables et compatibles avec le sport, pour d’autres non. Il est donc plus juste de parler de « syndrome naviculaire » chez les chevaux quand on aborde ces problèmes, et le terme le plus exact est celui de « syndrome podo-trochléaire ».

Après avoir rappelé les notions anatomiques indispensables, nous aborderons les différentes formes de maladies naviculaires, leur diagnostic, et leur prise en charge.

Anatomie de l’os naviculaire chez le cheval

Voyons déjà où il est de profil, on a tendance à la placer à l’arrière du pied, or il est au milieu, comme on le voit bien sur ce schéma :

Il est plus fréquent de le voir de profil, aussi l’imaginons nous comme un petit os de forme triangulaire, alors qu’en réalité c’est un os plat qui est en contact avec la surface articulaire de la 2ème et de la 3ème phalange. Voici un dessin de l’os naviculaire qui montre bien sa forme allongée :

Il est intéressant de le visualiser sur des pièces anatomiques de dissection (Livre Le doigt du Cheval du Professeur Jean-Marie Denoix) afin de bien comprendre sa place entre et à l’arrière des phalanges II et III, et sous le gros tendon fléchisseur profond du doigt :

On peut d’ores et déjà voir que l’os naviculaire a plusieurs composantes :

  • Osseuse.
  • Articulaire.
  • Ligamentaire.
  • Tendineuse.

Enfin, et si avez des chevaux, vous avez aussi surement vu des radios de pieds, face et profil, destinées à observer les structures osseuses, dont l’os naviculaire : 

           

Les différentes pathologies de l’os naviculaire chez le cheval

Avec son rôle de poulie, ce petit os est soumis à de fortes contraintes, répétées, lors d’efforts sportifs.

Différents problèmes peuvent se déclarer, et il faut tout de même savoir que les problèmes naviculaires représentent la première cause de boiterie chez les chevaux, ainsi que leur mise à la retraite prématurée.

  • Forme osseuse :

C’est la structure de l’os qui est atteinte, l’os se sclérose, il se densifie, il peut y avoir des zones d’ostéolyse observable à la radio (on parle de forme en ballonnet). Lorsqu’elle est minime c’est la forme qui est la mieux supportée par le cheval, et bien d’autres problèmes orthopédiques auront un impact supérieur à celui de cette forme de maladie naviculaire.

  • Forme articulaire :

L’arthrose se développe dans la grosse articulation du pied, qui englobe la 2ème phalange, la 3ème phalange, et l’os naviculaire. Comme nous l’avons vu dans des articles précédents sur l’arthrose, les 3 éléments majeurs de la composition d’une articulation vont être atteints :

  • L’os sous chondral, juste en dessous de l’articulation.
  • Les cartilages articulaires.
  • Le liquide synovial.

 

  • Forme ligamentaire :

Là ce sont les tiraillements permanents des ligaments qui attachent l’os naviculaire aux structures adjacentes qui vont développer une pathologie d’insertion des structures ligamentaires. De l’os peut « pousser » au niveau de ces zones d’insertions, on parle alors d’enthésophytes, qui sont douloureux.

  • Forme tendineuse :

C’est la pire car la plus douloureuse, et c’est également la plus difficile à diagnostiquer. Il s’agit d’un affrontement entre la surface postérieure du naviculaire, qui doit théoriquement laisser coulisser le tendon fléchisseur profond, et ce tendon. La surface du naviculaire, sous les contraintes mécaniques, sous la pression du tendon, devient irrégulière, granuleuse, le tendon frotte et se déchire, allant même parfois jusqu’à se souder au naviculaire, empêchant tout mouvement.

  • Formes mixtes :

Ce sont des formes de maladies naviculaires qui regroupent une ou plusieurs des formes précitées.

Le diagnostic d’un problème naviculaire chez le cheval

Les signes d’appel d'un problème naviculaire chez le cheval 

Vous consultez souvent pour une boiterie, mais pas toujours. En effet les problèmes sont généralement bilatéraux, donc le cheval boite, mais il boite des deux côtés, ainsi vous ne le voyez pas toujours boiter puisqu’il est symétrique.

C’est alors un problème d’allures qui va vous alerter, l’amplitude de la foulée est raccourcie, le cheval n’étend pas ses membres, il est contre-performant, pas à l’aise, étriqué, …

Petit à petit, comme il ne se pose pas normalement, et n’appuie pas franchement sur la zone postérieure du pied, ses pieds deviennent « atrophiques » : les talons se resserrent et prennent de la hauteur. Cela s’observe très bien quand on regarde les pieds vue de l’arrière.

(source :Equisense)

Le bilan orthopédique du vétérinaire

C’est un examen spécialisé fait par votre vétérinaire qui passe par plusieurs étapes :

  • Examen statique au box : Tout l’appareil locomoteur est passé en revue, avec plusieurs tests, comme les flexions passives, le test à la planche (destiné à incliner le pied du cheval pour voir comment il supporte l’appui en talon).
  • Examen dynamique : de même, tout est observé attentivement, sur sol dur et sur sol mou, en ligne droite ou sur le cercle, au pas ou trot ou galop, et les tests de flexion active sont réalisés.
  • Anesthésies sémiologiques : cela revient à anesthésier, grâce à un anesthésique local injecté avec des très fines aiguilles, la ou les zones, successivement, qui sont suspectées d’être à l’origine de la boiterie observée. Ainsi, si l’anesthésie dite « digitée basse », celle qui anesthésie l’arrière du pied, supprime la boiterie, on sait que c’est dans cette zone là que se trouve la cause.
  • Radios : C’est le dernier examen, et celui qui, lorsqu’on sait où va se situer le problème, doit donner la réponse diagnostique.

La prise en charge d’une maladie naviculaire chez le cheval

La maréchalerie

Quelle que soit la forme, il y aura toujours, pour un problème de naviculaire, une ferrure qui sera à adapter.

Au-delà d’un parage qui devra toujours être soigneux et adapté, notamment à ce problème de resserrement des talons, le fer le plus connu pour le problème naviculaire est l’Egg Bar Shoe.

Traduit littéralement c’est une « chaussure en forme d’œuf », et c’est effectivement un fer en forme d’œuf.

A la différence d’un fer standard, ce fer est fermé derrière, en arrondi, ce qui permet au cheval, lorsque le pied arrive au sol, de répartir immédiatement toutes les forces mécaniques sur l’ensemble du pied.

Traitements médicamenteux

Les vétérinaires possèdent une panoplie de traitements adaptés aux différentes formes, qui peuvent être administrés par voie générale ou en injections localisées (que l’on nomme alors infiltrations).

Ce sont souvent des molécules à visée anti-inflammatoire, ou agissant sur le métabolisme osseux.

Traitement chirurgical

Lorsque la douleur est trop forte, et sur l’unique indication de « survie confortable au pré », le chirurgien vétérinaire pourra être amené à indiquer une névrectomie basse : on enlève un fragment du nerf qui innerve la partie postérieure du pied, afin de le désensibiliser partiellement pour que la cheval soit confortable.

Cette pratique est formellement interdite chez les chevaux qui font du sport.

Précautions d’utilisation du cheval

La priorité doit être mise sur les terrains : il faut travailler sur un bon terrain, ni trop souple, ni trop dur, donc attention aux terrains en herbe qui peuvent être durs lorsqu’ils sont secs.

La détente doit également être progressive, il faut laisser au cheval le temps de se mettre en route, en évitant d’aller tout de suite travailler sur la main qui correspond au pied qui le gène le plus.

Selon la forme dont il est atteint, des produits de soins, en particulier s’il y a de l’arthrose liée, peuvent être adaptés.

En conclusion, retenez qu’il y a de multiples formes de maladies naviculaires, et que toutes ne condamnent pas le cheval à la retraite, loin de là. Soyez vigilant quant aux allures de votre cheval qui doivent garder de l’amplitude, et à la forme de ses talons qui ne doivent pas se resserrer.

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