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La Myopathie Atypique chez le cheval
La Myopathie Atypique chez le cheval
Due à une intoxication par l’Erable Sycomore, la Myopathie Atypique est une maladie grave qui peut tuer les chevaux de façon foudroyante par une atteinte musculaire généralisée. A chaque printemps, à chaque automne, nous entendons parler de chevaux morts de Myopathie Atypique, et c’est un réel problème dont il faut connaître la cause et les symptômes.
Quelle est la cause de la Myopathie Atypique ?
C’est une toxine contenue dans les érables qui est la cause de la maladie. Plus précisément dans les samares, qui sont les fruits de l’érable, les graines si on préfère, ces petits « hélicoptères » que l’on a tous lancé en l’air pour les faire tourner quand nous étions enfants.
Les « samares », graines recouvertes par deux ailettes permettant leur dissémination par le vent à l’automne
La toxine, nommée « Hypoglycine A » est aussi présente dans les plantules d’érable, ces petites pousses au ras du sol qui vont donner les futurs arbres.
Plantule d’Erable Sycomore au printemps
Cette toxine n’est pas contenue dans toutes les espèces d’érables, seuls certaines sont concernées :
- Sur le continent américain c’est l’Acer negundo qui est incriminé, nommé érable negundo. Cette espèce devient invasive en France, notamment dans le Sud-Ouest, et peut aussi être responsable de Myopathie Atypique.
Erable negundo, qui contient la toxine responsable de Myopathie Atypique, plus fréquent sur le continent américain
- En Europe, et donc en France, c’est Acer pseudoplatanus, l’érable sycomore, qui est majoritairement incriminé. Grand arbre d’environ 30 m de hauteur, il est fréquent dans les forêt d’Europe occidentale, et responsable des cas répertoriés en France et en Belgique.
Erable sycomore, incriminé en France et en Belgique surtout, qui contient la toxine responsable dans ses graines et ses jeunes pousses
Les jeunes pousses sont au pied des grands érables, mais les samares peuvent disséminer avec le vent (leurs ailettes le leur permettent) et donc les chevaux peuvent s’intoxiquer à distance de l’érable sycomore.
Les autres types d’érable (Erable champêtre, Erable plane, …) ne contiennent pas la toxine :
Erable plane, non toxique … C’est compliqué de s’y retrouver en botanique !
Où trouve-t-on les cas de Myopathie Atypique ?
Les cas sont surtout recensés dans le nord de la France, en Belgique, le sud de la Grande Bretagne, comme vous le voyez sur cette carte de géo localisation pour l’automne 2013. En fait les cas peuvent apparaître partout ou l’on trouve les deux espèces d’érables toxiques.
Répartition des cas géolocalisés survenus au cours de l’automne 2013 (en rouge) et des 12 cas survenus entre l’automne 2004 et l’automne 2011 inclus dans l’étude (en jaune),
Source : AMAG (Atypical Myopathy Alert Group)
De gros efforts sont faits pour recenser les cas de Myopathie Atypique et les cartographier, mais certains échappent encore au signalement, et l’on estime à un millier le nombre de cas par an.
L’intoxication concerne essentiellement les chevaux qui vivent au pré, ce qui est logique puisqu’ils s’intoxiquent dehors à proximité des érables sycomores. La maladie n’est pas contagieuse de cheval à cheval, mais puisqu’ils s’intoxiquent à la même source il n’est pas rare de trouver des cas groupés.
Quels sont les symptômes de la Myopathie Atypique ?
Une fois ingérée, la toxine est rapidement digérée et les composés toxiques entrent en action, l’évolution étant souvent foudroyante.
La Myopathie Atypique est aussi nommée « Myoglobinurie atypique des chevaux au pré », terme qui contient en lui-même des indications précieuses : « myoglobine » désigne le pigment rouge contenu dans les muscles, et « urie » désigne l’élimination urinaire. On peut donc traduire ce terme scientifique par « chevaux au pré pissant du sang musculaire ».
La toxine provoque une dégénérescence musculaire qui peut atteindre tous les groupes musculaires du corps, et notamment le muscle cardiaque.
Les symptômes les plus souvent observés sont les suivants :
- Urines foncées ;
- Muqueuses congestives (= rouges, yeux, gencives, etc.) ;
- Faiblesse, raideur, tremblements, sudation…
- Cheval couché sur le coté ;
- Température normale (ce n’est donc pas un signe) ;
3 chevaux sur 4 meurent, donc c’est bien sur une urgence vétérinaire absolue, avec mise sous soins intensifs, car il n’y a pas d’antidote spécifique.
Soins intensifs : au sol le cheval doit être retourné toutes les 4 heures pour éviter qu’il n’ « écrase » ses muscles,
perfusé pour éliminer la toxine avant qu’elle ne le tue.
Quelles sont les mesures de prévention de la Myopathie Atypique ?
Les graines des érables toxiques peuvent être transportées par le vent à plus de 100 m de l’arbre, aussi il est difficile de fonder la prévention uniquement sur l’élimination des érables sycomore.
Il peut être alors utile de :
- Nourrir les chevaux au pré (foin à volonté en supplément de l’herbe) pour qu’ils n’aient pas faim d’autres choses et aillent grignoter tout ce qu’ils trouvent, en particulier les jeunes pousses d’arbres.
- Rentrer les chevaux les jours de grand vent (risques de dissémination des samares).
- Réduire le temps au pré lors des saisons à risque (plus facile à dire qu’à faire…).
Mais la meilleure prévention réside évidemment dans le fait d’éliminer les érables sycomore, mais pas les autres. Voici un petit outil simple édité par le site de Haras Nationaux (site Equipédia) qui vous permettra de vous y retrouver :
En conclusion, retenir que si vous avez un cas de cheval retrouvé mort au pré, il est important de contacter votre vétérinaire, car cette maladie est en cours d’étude, et il est utile de répertorier les cas pour mieux la connaître et la prévenir.
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