La césarienne est un acte vétérinaire qui consiste à extraire le veau de l’utérus de la vache via une incision par le flanc gauche ou droit lorsque le veau est vivant ou en ligne paramédiane caudale (au niveau du ventre) si le veau est mort. Ainsi, certaines races sont prédisposées aux césariennes comme c’est le cas pour les races charolaises à cause des disproportions fœto-maternelles courantes, c’est-à-dire que le veau est souvent trop gros pour passer par le bassin. Néanmoins, les césariennes restent rares et représentent moins de 10% des vêlages. Une exception demeure pour la race bleu-blanc-belge. En effet, c’est la seule race qui nécessite une césarienne dans près de 100% des vêlages et ce à cause de l’expression du gène culard à l’origine d’une hypertrophie musculaire.

Pourquoi pratiquer une césarienne chez la vache ?Vache enceinte

L’indication majeure de la pratique d’une césarienne est la présence de complications non réductibles au vêlage, parmi celles-ci on compte les disproportions foeto-maternelles, la non-dilatation du col de l’utérus malgré la dilatation manuelle ou l’emploi d’anti-spasmolytiques visant à lever les spasmes musculaires, une torsion utérine non réductible, une malformation, un veau mort ou encore un mauvais positionnement du veau (présentation dorsale, transverse ou en siège).

Il est important de garder en tête qu’une augmentation du temps de vêlage est signe de difficulté. Plus ce temps s’accroît et plus le pronostic vital du veau est engagé. En effet, l’étirement et la compression du cordon ombilical ainsi que les contractions pelviennes sont à l’origine d’une privation d’oxygène, une augmentation du CO2 dans le sang ainsi qu’une acidose métabolique qui peut avoir des conséquences irréversibles sur le système nerveux.

Afin d’évaluer si votre veau est toujours en vie ou s’il présente des signes neurologiques, trois réflexes peuvent être testés :

  • Retrait : si on pince fort entre les onglons du veau, il doit retirer son membre. Si ce réflexe est diminué, cela signifie que le veau est en acidose. On notera que ce réflexe disparaît lorsque le veau est engagé dans la filière pelvienne.
  • Oculo-palpébral : si on touche légèrement l’œil, il doit y avoir un réflexe de clignement. Si l’œil s’enfonce, c’est que le veau est malheureusement mort.
  • Tétée : on met un doigt dans la bouche du veau. S’il ne cherche pas à téter, cela peut signifier la présence de signes neurologiques lié à une acidose.

Si des signes neurologiques sont présents mais que le veau semble toujours en vie il est urgent d’intervenir et de penser à une éventuelle césarienne. Passer un appel à son vétérinaire est indispensable.

Comment s’organiser pour pratiquer une césarienne chez la vache ?

En tant qu’éleveur, si des signes de difficultés non réductibles sont présents, ils doivent faire l’objet d’un appel vétérinaire et ce rapidement afin de ne pas perdre le veau et la mère. Voici le matériel qui peut être intéressant d’avoir pour préparer la contention et l’environnement de l’animal :

  • Une pince mouchette ;
  • Un licol voire des entraves ;
  • Une petite ficelle pour pouvoir attacher la queue.

La vache doit être dans un endroit propre qui peut être idéalement repaillé.

Quels sont les risques de pratiquer une césarienne chez la vache ?La césarienne chez la vache

Les risques de complications d’une césarienne sont multiples à la fois pour la mère et le veau.

Chez les mères, les complications sont propres aux raisons pour laquelle la césarienne a été pratiquée et à la voie d’abord utilisée :

  • Lors d’un abord par le flanc gauche, il y a des risques d’accumulation d’air en dessous la peau.
  • Lors d'un abord par le flanc droit, un risque élevé de sortie des intestins est présent.
  • La voie paramédiane caudale permet quant à elle l’extériorisation de l’utérus. Ainsi lorsque le veau est mort cela permet d’éviter une contamination de la cavité abdominale. Néanmoins les complications postpartum sont plus importantes et peuvent comporter une éventration ou un œdème.

Quelques soit la voie d’abord, des risques d’hémorragie utérine et des risques infectieux tels que des métrites, des abcès de paroi et des péritonites peuvent être présents.

La césarienne a également des répercussions sur le veau.

Parmi ces complications, on notera principalement la réanimation ou une privation totale d’oxygène immédiate ou rarement différée.
C’est ce que l’on appelle l’anoxie immédiate ou l’anoxie différée.

Afin de vous armer face à cette situation pouvant être stressante, voici les conduites à tenir lorsque le veau naît et n’entreprend pas une respiration dans la minute qui suit.

  • Nettoyer le mufle.
  • Soulever le veau par les pattes arrière pendant 90s afin qu’il évacue le liquide trachéo-bronchique à l’origine de l’inhibition de la respiration.
  • Si la respiration ne reprend pas, le placer en décubitus sternal puis mettre un peu d’eau froide dans ses oreilles afin qu’il secoue la tête. Attention si vous mettez trop d’eau froide cela peut provoquer l’effet inverse.
  • En cas d’échec, utiliser une sonde endotrachéale pour ventiler l’animal car lors de césariennes les alvéoles sont souvent plus collabées que lors d’un vêlage classique ce qui complique l’initiation de la respiration.
  • Vérifier ensuite que le cœur du veau bat toujours. Si ce n’est pas le cas entamer un massage cardiaque : 1 compression tous les 3 à 5 secondes. 0,02mg/kg d’adrénaline pourra être administré.
  • Si une reprise de la respiration est présente : des mesures de nursing doivent être entrepris (prise colostrale, sécher avec de la paille...).

En cas d’anoxie immédiate, on observe des difficultés respiratoires, des signes nerveux, de la bradycardie ou de la tachycardie. Il faut entreprendre le même protocole que précédemment. Le Candilat pourra être réadministré toutes les 6h. Une perfusion lente de bicarbonate pourra également être intéressante pour corriger l’acidose. Le décubitus sternal devra être maintenu pour favoriser la respiration et éviter les déperditions de chaleur.

Vous l’aurez compris, les césariennes ne sont pas des actes anodins et peuvent être à l’origine de nombreuses pathologies : métrite, péritonite, abcès mais également des problèmes de mise à la reproduction par la suite à cause du traumatisme que cela occasionne chez la vache.

Néanmoins c’est une solution d’urgence qui peut permettre de sauver à la fois la vache et le veau. Ainsi bien que plus présent en race allaitante, il est recommandé de faire attention au croisement qui peuvent en être également à l’origine chez les vaches laitières.
On recommandera des croisements de type bleu-blanc-belge avec Prim Holstein ou Prim Holstein avec de l‘Inra 95 si quelques veaux se destinent à la boucherie plutôt que du charolais croisé avec une Prim Holstein.

En ce qui concerne les croisements entre bleu-blanc-belge, il est intéressant de faire attention au génotype du mâle afin d’éviter la surexpression du gène culard. En effet ce gène, bien qu’il présente un intérêt pour la filière bouchère, est à l’origine de difficulté au vêlage et de malformations congénitales comme la macroglossie par exemple ou l’arthrogrypose.

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