L’agriculture biologique est un mode de production et de transformation qui exclut le recours à la plupart des produits chimiques de synthèse. Elle a connu un essor considérable ces dernières années.

En effet, plusieurs raisons poussent les agriculteurs conventionnels à se convertir :

  • la protection de l’environnement ;
  • la préservation de la santé humaine des consommateurs et des agriculteurs ;
  • le partage des valeurs du bio (avec, en plus des points précédents, la mise en avant des circuits courts, mais aussi un plus grand respect du bien-être animal…) ;
  • le changement de modèle économique (mieux valoriser sa production tout en limitant les intrants) ;
  • l’augmentation de la demande des clients, et une reconnaissance accrue de leur part.  

Pour illustrer cela, on a constaté une croissance de 32,5 % de la collecte de lait de vache bio entre 2017 et 2018 en France, pour atteindre une part de 3,5 % de la collecte nationale. Du côté allaitant, en 2017, 4,9 % des vaches françaises se trouvaient dans des ateliers bio.

Le logo français Agriculture Biologique /  Le logo européen Agriculture Biologique

Les éleveurs qui ont choisi de se convertir à l’agriculture bio doivent non seulement suivre des règles strictes dans la gestion de leurs cultures mais aussi respecter trois grands principes quant à leurs animaux :

  • Les nourrir avec des aliments et compléments alimentaires bio ;
  • Assurer des conditions de vie plus respectueuses du bien-être animal ;
  • Respecter la réglementation quant à l’usage de médicaments vétérinaires.

Ces trois principes vont être détaillés pour les ruminants par la suite.

L’alimentation des animaux

L’alimentation des animaux en élevage biologique repose sur trois grands principes :

  • Ils doivent recevoir 100 % de leur alimentation en bio ;
  • La ration des animaux adultes doit être constituée d’au moins 60% de fourrages grossiers, frais, séchés ou ensilés. Le lait bu par les jeunes doit provenir des mères (pas de lait en poudre) durant une période minimale de 3 mois.
  • Cette alimentation doit être produite principalement à la ferme (au moins 60 %), ou à défaut dans la région.

Certaines matières premières et additifs non bio peuvent être utilisés uniquement s’ils figurent dans la liste des produits autorisés (règlement UE n° 889/2008). Par exemple, il est possible de supplémenter les vaches en vitamines de synthèse A, D et E si la ration est carencée (vitamines identiques aux naturelles).

Le respect du bien-être des animaux

Les densités d’animaux sont limitées :

  • Dans le bâtiment: au moins 6 m² par vache laitière, et pour les plus jeunes animaux, au moins 1 m² par tranche de 100 kg de PV.
  • Aux pâturages: entre 1,5 et 2 animaux adultes par ha, selon la production laitière et le nombre de mois passés à l’extérieur ; et 5 animaux de moins d’un an par ha. L’accès à ces pâturages est obligatoire lorsque la météo et l’état des sols le permettent.

Les animaux ne doivent pas être à l’attache, sauf pour les anciens bâtiments et les petites exploitations (dérogation délivrée par l’Institut National de l’Origine et de la Qualité). Les veaux âgés de plus d’une semaine ne doivent pas être logés dans des boxes individuels.

La reproduction doit être réalisée, dans l’idéal, par monte naturelle, même si l’insémination artificielle est tolérée. L’utilisation d’hormones sexuelles n’est possible qu’en cas de traitement vétérinaire individuel.

Seules quelques interventions sont autorisées : castration, écornage, coupe des queues des moutons. Elles doivent être réalisées à l’âge approprié et sous certaines conditions.

Par exemple, l’écornage par ébourgeonnage des jeunes bovins ne peut être réalisé par l’éleveur que sur dérogation. Cet écornage doit s’effectuer avant l’âge de 2 mois (sauf cas dûment justifié, et avant le sevrage dans tous les cas). Avant 4 semaines d’âge, l’utilisation d’antidouleur est obligatoire, l’anesthésie ne l’étant pas mais vivement conseillée. Au-delà de 4 semaines, l’écornage sous anesthésie, locale ou générale, doit être réalisée par un vétérinaire.

La santé animale et les traitements vétérinaires

A partir du 1er janvier 2022, un nouveau règlement européen rentrera en vigueur, avec des exigences plus strictes que les actuelles.

Les vaccins sont et resteront utilisables sans restriction. En revanche, les antiparasitaires, internes et/ou externes, qui sont également utilisables sans limite à l’heure actuelle, seront limités à 2 par an pour les animaux abattus après l’âge d’un an, avec un maximum de 4 durant la vie de l’animal.

Il n’est pas précisé si un produit combinant deux molécules comptera pour un ou deux traitements.

Les traitements allopathiques chimiques seront limités à 2 par an (contre 3 actuellement). Le règlement n’indique pas clairement si les antiparasitaires compteront aussi comme un traitement, mais dans la mesure où ces décomptes font l’objet de deux obligations distinctes, on peut imaginer que ce ne sera pas le cas.    

Le changement principal de ce nouveau règlement porte sur les temps d’attente. Comme actuellement, tous les temps d’attente (lait et viande) seront doublés. Mais dorénavant, tout traitement aura un temps d’attente d’au minimum 48h, même pour les médicaments allopathiques avec 0 jour de temps d’attente, pour les médicaments homéopathiques ou phytothérapiques. 

L’agriculture bio représente encore une faible part de l’agriculture française (8,5 % de la surface agricole utile française) même si elle est en forte progression. Ceci découle, outre les motivations des agriculteurs, de la demande croissante des consommateurs, le marché alimentaire bio ayant augmenté de 13 % entre 2018 et 2019.

Les éleveurs qui se convertissent au bio ont la volonté de pérenniser leur exploitation de manière durable et plus respectueuse de l’environnement, même si cela passe par une gestion d’élevage plus réglementée et donc plus exigeante.