L’insémination artificielle est pratiquée aussi chez le chien, depuis la fin du 18ème siècle. Elle permet comme chez l’être humain d’obtenir une gestation sans accouplement. Comment est-elle pratiquée chez le chien ? A quels chiens est réservée l’insémination artificielle ? Nous vous donnons les grandes lignes de cette technique…

En quoi consiste l’insémination artificielle chez le chien ?

L’insémination artificielle (IA) consiste à introduire le sperme du mâle dans le vagin ou l’utérus de la femelle, lorsque la fécondation naturelle est irréalisable ou difficile. Voire quand les chiens sont très éloignés géographiquement parlant.

Pourquoi pratiquer une insémination artificielle chez le chien ?

L’insémination artificielle permet d’obtenir des chiots lorsque :

  • L’on veut pratiquer une sélection permettant d’améliorer la race (morphologie et aptitudes) ;
  • L’accouplement est refusé par les chiens reproducteurs (refus du partenaire, manque de libido, manque d’expérience, manque de socialisation, disproportions morphologiques, traumatisme lors d’une saillie précédente…) ;
  • L’on veut prévenir des maladies héréditaires, éviter la consanguinité ;
  • L’on veut éviter des douleurs (affections ostéoarticulaires, malformation physique du vagin de la vulve ou du pénis, raison sanitaire comme une dermatose parasitaire, une herpès virose, une mycoplasmose…) ;
  • L’on veut multiplier la capacité de reproduction des mâles, ou tout simplement réussite plus importante pour les croisements envisagés : la réussite dépend en partie du type d’insémination artificielle pratiqué.

Pourquoi pratiquer une insémination artificielle chez le chien ?

En théorie, le règlement international d’élevage de la FCI, n’autorise le recours à l’insémination artificielle pour des raisons éthiques que si la saillie naturelle a déjà̀ été réalisée auparavant sans succès.

En première intention, elle est pratiquée seulement si elle est justifiée, c’est à dire à des fins d’amélioration de la santé ou de la génétique de la race, ou encore pour le bien-être de la chienne, en lui évitant du stress.

Comment se pratique une insémination artificielle chez le chien ?

Les deux techniques d’insémination artificielle sont l’insémination dite vaginale ou l’insémination intra-utérine :

L’insémination vaginale est facile à réaliser, elle consiste à déposer le sperme dans le vagin de la femelle, au moyen d’une sonde d’insémination, stérile et de taille adaptée au gabarit de la femelle. C’est cette technique qui est effectuée par l’éleveur ou votre vétérinaire en cas de besoin. L’insémination intra-utérine (par cathétérisme du col utérin) est plus difficile à réaliser, elle demande plus de technique et du matériel spécifique mais elle permet généralement d’augmenter les chances de réussite pour une semence de qualité moyenne. Elle est réalisée seulement par des vétérinaires expérimentés.

Comment se pratique une insémination artificielle chez le chien ?

La semence du mâle est récoltée, généralement par masturbation du mâle dans un cône souple en silicone, mais aussi parfois par le biais d’un vagin artificiel ou encore des méthodes plus techniques comme l’électroéjaculation pratiquée surtout chez le chat (mais aussi l’aspiration de l’épididyme, le cathétérisme urétral le massage transrectal…). Son volume varie entre 2,5 et 80 ml, selon les chiens.

La semence est ensuite évaluée pour déterminer sa qualité notamment si elle doit être congelée par un examen au microscope. On cherche notamment à avoir une bonne motilité des spermatozoïdes, c’est-à-dire supérieure à 70%.

La semence est ensuite utilisée plus ou moins rapidement en fonction de la forme de conservation du sperme :

  • La semence fraîche doit être utilisée immédiatement ;
  • La semence réfrigérée pour un envoi à distance (elle se garde réfrigérée avec un diluant mais seulement 2 à 10 jours au réfrigérateur) ;
  • Ou encore la semence congelée: il s’agit d’une cryoconservation à -196°C dans l’azote liquide (avec des diluants et des substances protectrices) pour une conservation pendant une période théoriquement illimitée, sous forme de « paillettes », petits tubes de 0,25 et 0,5 millilitres. Quatre concentrations de spermatozoïdes sont pratiquées 50, 100, 200 et 400 millions de spermatozoïdes par millilitre. Il semblerait que ce soit la concentration en spermatozoïdes de 200 millions de spermatozoïdes par millilitre qui donne la meilleure qualité de semence…

Ces semences en paillettes sont conservées dans des banque de sperme canines. Cette méthode permet aussi d’utiliser les spermatozoïdes d’un reproducteur décédé. La semence sera décongelée (de préférence rapidement au bain-marie) puis réchauffée à 37°C avant l’insémination.

La congélation-décongélation peut cependant diminuer la capacité des spermatozoïdes à fonctionner normalement. La qualité et la résistance du sperme à la congélation peut aussi varier d’un individu à l’autre.

Le vétérinaire prélevant la semence et le vétérinaire inséminateur doivent tous les deux rédiger un document attestant de l’identité de l’étalon et de la lice (femelle) inséminée notamment pour le CERREC (Centre d’Étude et de Recherche en Reproduction et Élevage des Carnivores) à Lyon ou le CERCA (Centre d'Étude en Reproduction des Carnivores) à Alfort.

Quand pratiquer une insémination artificielle chez une chienne ?

Il faut que la chienne soit en période d’ovulation. Chez la chienne, en France, les chaleurs se produisent généralement au printemps (en février- mars) et à la fin de l’été, c’est-à-dire en août- septembre. Les méthodes habituellement utilisées pour déterminer le moment du cycle sont essentiellement la cytologie vaginale (frottis) et la mesure de la progestéronémie : pour cette dernière (plus précise) le vétérinaire effectue des prises de sang régulières après le début des chaleurs afin de déterminer précisément le bon moment pour inséminer la chienne uniquement au moment de l’ovulation. Le jour de l’ovulation est repéré par une valeur de progestéronémie comprise entre 4 et 10 ng/ml.

Quand pratiquer une insémination artificielle chez une chienne ?

Les suivis échographiques de l’aspect des ovaires sont peu pratiqués car ils sont difficiles à interpréter avec certitude en pratique. Le dosage de la LH est également moins fiable.

Le sperme est introduit sans douleur pour la chienne, dont les pattes arrière sont maintenues entre 5 et 10 minutes en l’air sans que la durée soit forcément corrélée au succès de l’insémination. Plusieurs inséminations peuvent être pratiquées pour augmenter les chances de réussite : généralement 2 à 3 inséminations sont effectuées.

Pendant cette période l’usage de protections périodiques permet d’augmenter le confort de votre animal et l’hygiène du lieu de vie.

Quel est le taux de réussite de l’insémination artificielle chez la chienne ?

Les taux de réussite sont très bons, entre 64 et 94%, notamment en utilisant de la semence fraîche. En semence réfrigérée le taux de succès est également bon si la semence est utilisée dans les deux jours après réfrigération. Pour l’insémination en semence fraîche et réfrigérée, les taux de réussite sont identiques à ceux d’une saillie naturelle. Dans le cas où le mâle est âgé, la réussite est généralement supérieure à une saillie naturelle.

Lorsque la semence est congelée, les taux de réussite sont un peu inférieurs, entre 51 et 84%, car une partie du sperme peut être détruite par ce type de conservation.

L’insémination artificielle est réalisée pour éviter les alea d’une saillie et ses échecs. Elle est donc souvent le moyen le plus efficace pour diminuer le stress des reproducteurs, tout en permettant d’obtenir des gestations quasi-systématiques. Elle doit cependant être pratiquée dans le respect de règles médicales strictes, de préférence par des praticiens expérimentés.

Découvrez d'autres articles sur les chiens :