Le « bien-être », c'est-à-dire le respect et l’attention portés aux besoins vitaux et comportementaux du poulain, est déterminant pour sa vie future. Nous allons aborder les différentes étapes par ordre chronologique : poulinage, croissance sous la mère, sevrage.

La naissance du poulain

Le poulinage, ou mise-bas, est un moment crucial, et il faut bien connaître ces différentes étapes normales pour savoir réagir vite en cas de problème.

90% des poulinages se déroulent la nuit, au calme, et la jument se prépare dans les jours qui précèdent : la mamelle gonfle, le premier lait (le colostrum) commence à perler, le bassin se « casse » au niveau du dos (grâce à une hormone qui relâche les ligaments du bassin, la relaxine).

Lorsqu’elle va pouliner, la jument a un peu mal au ventre, elle exprime des petites coliques, se couche, se relève, tourne, se recouche, etc … ce qui souvent déclenche le bip des systèmes de surveillance des poulinages.

Dans l’immense majorité des cas, et contrairement aux vaches, les mises bas chez les chevaux se déroulent vite et bien, et sans intervention humaine. Il faut juste être là, dans la pénombre, sans faire de bruit, peu nombreux, et surveiller que tout se passe bien.

Apparition des 2 antérieurs et du bout du nez juste sous la base de la queue de la jument, la poche des eaux n’est pas encore rompue.


Poulain expulsé, premier contact de la mère qui sent son poulain.

Le poulain se présente les deux antérieurs en avant, recouverts par la poche des eaux, comme un plongeur. La tête apparait ensuite, posée sur les deux antérieurs étendus, puis, quelques contractions après, la poche des eaux se rompt.

La jument pousse, et tout le corps sort en moins de 30 minutes. Le poulain doit immédiatement respirer, quitte à lui dégager un peu les naseaux. On désinfecte l’ombilic (après rupture souvent naturelle du cordon ombilical) avec de la teinture d’iode à 2%.

Le placenta est expulsé dans un second temps (= la délivre) lors de la délivrance, et il est très important de vérifier que la délivre est entière, car si un des morceaux s’est déchiré il y a risque de fourbure.

Le poulain doit se lever en moins d’une heure, et téter en moins de deux heures, ce fameux 1er lait, le colostrum, riche en anticorps qui vont protéger le poulain.

Si jamais une des étapes ne se passe pas comme décrit ci-dessus, il est urgent et impératif d’appeler le vétérinaire en urgence, un poulain résiste beaucoup moins bien qu’un veau.

La période de croissance du poulain

La croissance pondérale et le développement chez le poulain

On suit la croissance en observant ce qu’on appelle le GMQ = Gain Moyen Quotidien en kg/jour.

A la naissance, un poulain d’un futur cheval adulte de 500 kg pèse environ 50 kg

Voici la courbe de croissance d’un cheval depuis sa conception jusqu’à l’âge adulte. On observe que la croissance la plus rapide a lieu entre la naissance et l’âge de 3 mois. Il sera donc essentiel d’aider la jument à produire le meilleur lait possible et en quantité nécessaire (bonne alimentation spécifique juments en lactation et CMV – Compléments Minéraux et Vitaminiques adaptés) :

source : Equipedia

De la naissance à 3 mois le poulain prend environ 1 kg par jour, alors que 500 g par jour au sevrage.

Il est très intéressant de voir comment se modifie le développement du corps lors de la croissance : au départ le poulain s’inscrit dans un rectangle en hauteur, puis dans un carré, puis dans un rectangle horizontal :

Evolution du format du poulain en croissance © L. Marnay, source Equipédia

Plus vous initierez tôt et en douceur le foal (= poulain sous la mère) à accepter l’être humain sans en avoir peur, et pourrez effectuer des manipulations de base en toute confiance, plus vous gagnerez du temps et de la sérénité pour sa vie future, en particulier pour cette fameuse étape du débourrage (première fois que le cheval est monté, vers 2 à 3 ans en général selon les disciplines sportives).

Il faudra toujours avoir à l’esprit les deux points majeurs de la compréhension des chevaux (voir article correspondant « Proie et Grégaire ») :

  • Le cheval est une proie dans la nature : il est donc craintif, hyper-réactif, et trouve son salut dans la fuite.
  • Les chevaux sont grégaires, ce sont des animaux de groupe qui cherchent leurs congénères pour être rassurés.

Faites alors attention aux mères qui vont défendre leurs foals si elles pensent que ceux-ci sont en danger avec vous, les coups de pied sont vite partis et elles visent bien !

Petit à petit, vous apprendrez à caresser, mettre un petit licol, tenir en main, etc …

Le poulain au sevrage (à 6 – 8 mois)

Nous avons rédigé un article dédié à ce sujet, duquel on peut retenir en résumé :

  • Qu’il y ait deux méthodes de sevrage, le sevrage progressif et le sevrage en une fois, et que la meilleure méthode est celle que l’éleveur maitrise le mieux, dans l’optique de réduire au maximum le stress inhérent à ce moment de séparation.
  • Que tout ce qui peut réduire le stress est bon à prendre, et notamment certains compléments alimentaires qui vont rendre les poulains moins anxieux.
  • Qu’il faut toujours avoir à l’esprit l’instinct grégaire des chevaux, et favoriser le tissage des liens entre poulains sevrés (donc 2 par 2 et pas un par un), et utiliser des vieux papis calmes si besoin dans cette période à risque.
  • Qu’il existe de nombreuses installations très intelligentes pour préparer le sevrage en amont, comme les petits parcs dans lesquels les foals peuvent être ensemble et se nourrir sans que leurs mères puissent entrer.

En conclusion, le bien-être des petits poulains, de la naissance au sevrage, passe toujours par le respect des mêmes 6 besoins vitaux : Respirer, Boire, Manger, Dormir, Bouger, Communiquer. Ces 6 points vous permettront de toujours surveiller leur bon fonctionnement, et de prévenir votre vétérinaire rapidement s’il y a une anomalie.

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