Dans notre série d’articles sur les grandes maladies des chevaux, nous avons déjà traité la Grippe, la Rhinopneumonie, la Gourme, la Piroplasmose, … Abordons aujourd’hui une grande maladie qui touche les poulains, la Rhodococcose, cause majeure de mortalité entre 1 et 6 mois.

Quel est l’agent causal de la Rhodococcose ?

C’est une bactérie, le Rhodococcus equi. Cette bactérie vit dans le milieu extérieur, ou est portée dans le tube digestif des chevaux adultes non malades, on parle alors de porteurs sains.

Une culture de bactéries Rhodococcus equiUne culture de bactéries Rhodococcus equi

Cette bactérie, qui est donc présente dans l’air ambiant, surtout par temps sec, peut être inhalée par les poulains, et ainsi les contaminer.

Rhodococcus equi peut survivre longtemps dans le milieu extérieur, il est donc difficile de s’en débarrasser.

Quels sont les symptômes de la Rhodococcose chez le cheval ?

Cette maladie touche les jeunes, les poulains âgés de 3 semaines à 6 mois, donc encore allaités par leur mère. Si les chevaux adultes peuvent aussi être contaminés, ils ne sont pas malades.

Un poulain comme on aime les voir, en bel état, vif et gai

Un poulain comme on aime les voir, en bel état, vif et gai

Le premier lait de la mère, le colostrum, bu à la naissance, protège les bébés pendant quelques semaines, or c’est justement lorsque cette protection baisse, et avant que le poulain puisse fabriquer ses propres défenses immunitaires, que cette maladie, et/ou d’autres, en profitent pour se développer.

La maladie s’accompagne d’une forte fièvre et d’un abattement, le poulain est malade et ça se voit : triste, tête basse, souvent isolé, manque de gaité, manque d’entrain, souvent il tousse, et a parfois même du mal à respirer… tous ces signes doivent vous alerter, et votre 1er réflexe doit être de prendre la température.

Un poulain pour lequel on doit se poser des questions …Un poulain pour lequel on doit se poser des questions …

On distingue 3 formes de maladie, mais la principale est la forme respiratoire :

  • Forme respiratoire : elle est d’apparition brutale, et c’est une forme aigüe. C’est une pneumonie : inflammation grave des poumons avec perte d’une partie de la capacité respiratoire, avec souvent formation d’abcès dans les poumons. C’est cette forme qui atteint les plus jeunes.
  • Forme digestive, moins brutale, avec formation d’abcès dans les intestins.
  • Forme articulaire avec infection des articulations (= arthrite septique).

Comme dans toutes les maladies, on peut observer des formes graves et assez « évidentes », et des formes plus insidieuses, qui peuvent s’aggraver soudainement et se terminer en peu de temps par une mort brutale.

Pour les plus malades, en l’absence de soins, la mortalité atteint 80%.

Comment faire le diagnostic de la Rhodococcose chez le cheval ?

Bien évidemment en observant les symptômes, mais ceux-ci ne sont pas spécifiques, et l’on peut confondre avec d’autres maladies, comme les bronchopneumonies à Streptocoques (une autre bactérie, nommé Streptococcus equi zooepidemicus, la plus fréquente).

Il est important de bien faire la différence car le traitement n’est pas le même.

Après son examen clinique, le vétérinaire procédera souvent à une échographie pulmonaire dans le but de repérer les abcès. Mais encore là, cette observation ne suffira pas, et il faudra, pour confirmer, faire des examens respiratoires sur des prélèvements pulmonaires (lavage broncho-alvéolaire).

Quel est le traitement de la Rhodococcose chez le cheval ?

Le traitement fait appel à des antibiotiques (macrolides et rifampicine) utilisés en médecine humaine, il est soumis à des règlements, et c’est pour cela qu’il est très important de poser le bon diagnostic.

On ne traite pas tous les poulains atteints, seulement les cas graves, les autres, ceux qui n’ont que très peu ou pas de symptômes, guériront seuls. Il est donc interdit de traiter « en préventif » des poulains atteints non malades. Il est également interdit de traiter plus de 3 semaines un animal qui ne répond pas au traitement.

C’est le vétérinaire qui décidera de la conduite à tenir et choisira le moment de l’arrêt du traitement. Il aura une vision d’ensemble et indiquera également les mesures environnementales à mettre en place : nettoyage des boxes, élimination des crottins, lutte contre la poussière (arrosage des sols), … 

Il n’existe pas de vaccin.

Quelles sont les mesures de prévention pour lutter contre la Rhodococcose du cheval ?

Il y a plus de risque de rencontrer cette maladie dans des élevages où elle a déjà existé par le passé, c’est logique. Mais elle peut apparaître, et en particulier dans les écuries poussiéreuses et mal entretenues, des boxes sales, des courants d’air, et une surpopulation de chevaux.

Les mesures préventives peuvent être regroupées en différents points :

  • Pour les poulinières : mieux vaut que les poulains naissent tôt dans l’année, de façon à ne pas être trop jeunes lors des fortes chaleurs (et donc de poussières) de l’été. Il faut aussi protéger et isoler les juments prêtes à pouliner des autres chevaux, puis, ensuite, faire des petits lots de poulinières suitées.
  • Pour les poulains : bien les surveiller, rester attentif, les observer souvent, et réagir vite quand un poulain semble malade. Surtout dans la période de 1 à 3 mois. 1er réflexe = température, elle doit rester inférieure à 38.5°C.
  • Pour les locaux : c’est de bon sens, mais ils doivent être propres, bien ventilés, sans courants d’air, sans crottins, nettoyés et désinfectés régulièrement.
  • Pour les prés et paddocks : éviter la poussière, la surpopulation, les crottins, et changer régulièrement la place des abreuvoirs et des mangeoires pour éviter les zones de piétinement (et donc de la poussière).

En conclusion, la rhodococcose est une maladie grave, des poulains, et très liée au bon fonctionnement de l’immunité dans cette période fragile entre la couverture par l’immunité maternelle et le relai du poulain qui va se fabriquer sa propre immunité. Tout ce qui contribuera à la bonne santé du cheptel fera barrage à ce type de maladie.

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