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Pathologies des Jarrets chez les chevaux : Comprendre et soigner
Pathologies des Jarrets chez les chevaux : Comprendre et soigner
Le jarret est une articulation majeure du cheval, véritable bras de levier du membre postérieur, il est soumis à de nombreuses contraintes mécaniques. Nous allons ici aborder les points clés sur le plan anatomique, puis envisager les différentes pathologies et leurs soins.
Qu’est-ce que le jarret ?
Le jarret est une articulation dite « haute », par opposition aux articulations « basses », terme qui décrit toutes les articulations situées au dessous des jarrets (aux postérieurs) et des genoux (aux antérieurs).
Voici où se situe le jarret du cheval
Sur le schéma suivant, vous pouvez voir que le jarret chez le cheval est l’équivalent de la cheville chez l’être humain : le cheval s’est redressé sur son doigt III (majeur) et a ainsi surélevé son squelette, remontant à mi-hauteur du membre la place de son talon :
Sur ce schéma d’anatomie comparée, vous pouvez voir le tarse, en rouge, qui est le jarret du Cheval, et la cheville de l’homme.
De plus près, l’articulation se présente de la façon suivante :
Il est essentiel de comprendre que les 6 os courts qui composent l’articulation ont des fonctionnements très différents :
- Les 2 os en haut, qui sont en regard du tibia, supportent la totalité des mouvements du jarret ; flexion et extension
- Les 4 os du bas, organisés en deux rangées, souvent nommées « les rangées du tarse », sont théoriquement immobiles, sans mouvements entre elles, ni avec l’os canon. J’insiste sur le mot « théoriquement », car ce sont justement des micromouvements de ces articulations qui vont provoquer des problèmes d’arthrose.
Quels sont les aspects normaux et anormaux d’un jarret ?
Jarrets d’apparence normale
Il est très important d’observer des jarrets sains, sans tares (= aspects extérieurs anormaux), afin de pouvoir vite repérer ce qui est anormal sur un autre.
Les tares des jarrets
Et voici des aspects anormaux qui peuvent être mis en relation avec une pathologie plus ou moins profonde :
Voici ce qu’on appelle un vessigon articulaire du jarret : c’est une distension du liquide articulaire du jarret (= liquide synovial, voir article sur l’arthrose. Il est visible de face et en vue externe, et signe la présence d’un problème d’arthrose de l’articulation haute.
Ici c’est un vessigon tendineux, juste en dessous de la corde du jarret, et indiquant un problème au niveau des gaines tendineuses.
Voici le dessin d’un capelet, accumulation de liquide sous la peau en face de la pointe du jarret, souvent chez des chevaux qui tapent au box ou dans les camions. Ce n’est pas grave mais très inesthétique.
Et voici le problème le plus grave : cette déformation osseuse, donc tare dure, visible de face et en vue interne, est nommée éparvin, et signale à coup sûr le développement d’arthrose des rangées basses du tarse.
Aplombs normaux et anormaux
L’observation des bons et des mauvais aplombs nous permet de mieux comprendre la notion de contraintes mécaniques liées à l’exercice :
Par exemple un cheval qui a les jarrets naturellement écartés, on dit « ouvert du derrière » ou « jarrets cambrés », seront beaucoup plus sujets que les autres au développement d’arthrose en face interne du jarret, de par les forces qui vont s’appliquer en face interne du tarse :
Les flèches blanches indiquent les surcharges de contraintes mécaniques en face interne du membre aggravées par le défaut d’aplombs, la flèche noire la zone d’arthrose et de remaniement osseux (éparvin).
Quelles sont les pathologies principales du jarret ?
L’arthrose
Le terme « Arthrose » est construit sur deux mots :
- Arth = articulations, articulaires, … le mouvement des os entre eux
- Ose = dégénérescence, vieillissement, usure, …
A l’opposé d’Arthrite, dans lequel le suffixe « ite » signifie inflammation aiguë, comme dans les cas d’arthrite septique par exemple (infection intra articulaire aigue).
Contrairement aux idées reçues, elle ne concerne pas seulement les chevaux âgés, même si elle est quasi systématique chez les vieux.
L’arthrose se traduit extérieurement par des remodelés articulaires (déformations parfois discrètes), des distensions du liquide synovial, des raideurs, des gênes, ou des boiteries.
Dans le jarret, la cause la plus fréquente d’arthrose est liée à une instabilité des rangées basses du tarse : des micromouvements provoquent une souffrance des os, et une réaction inflammatoire locale.
L’Ostéochondrose (OCD)
L’arthrose juvénile existe, c’est un processus dans lequel de petits fragments de cartilage se détachent dans l’articulation, et crée une érosion et une inflammation.
Aussi, si vous observez un vessigon articulaire, il est impératif de faire pratiquer un bilan orthopédique à votre vétérinaire, accompagné d’un bilan radiologique, pour rechercher la présence de fragments osseux intra articulaires. Si c’est le cas, c’est le plus souvent une indication chirurgicale, qui vise à les retirer pour éviter qu’ils ne fassent plus de dégâts.
Les problèmes de suspenseur
Le suspenseur est un gros ligament, aussi gros que les tendons fléchisseurs qui longent l’os canon. Les contraintes mécaniques (tiraillements, torsions, …) imposées par le sport entraînent parfois la rupture d’une partie des fibres du suspenseur, soit en haut juste sous le jarret, soit en bas juste au dessus du boulet. Très difficile à diagnostiquer, car n’entrainant pas une boiterie franche, ces problèmes sont décelés lors d’un examen vétérinaire, accompagné d’une échographie.
Quels sont les traitements et les soins des jarrets ?
Traitements vétérinaires
On distingue deux types de traitements :
- Traitements médicamenteux par voie générale :
- Traitements locaux injectables : les infiltrations
Par voie orale ou injectable, votre vétérinaire pourra vous prescrire, le plus souvent, des anti-inflammatoires
Le vétérinaire injecte le médicament directement dans l’articulation : anti-inflammatoires de plus ou moins longue durée, lubrifiants, précurseurs de la synovie, …
Maréchalerie
Un parage et une ferrure adaptés peuvent grandement aider les jarrets à fonctionner en diminuant les contraintes mécaniques. On cherche à éviter que les talons s’enfoncent trop dans le sol, à l’aide de talonnettes par exemple (qui vont en revanche plus solliciter les boulets).
Soins préventifs et de confort
Par voie générale :
Ce sont tous les produits de soins qui visent à prévenir le développement de l’arthrose, comme les produits à base de MSM (Methyl Sulfonyl Méthane) avec par exemple le FLEXADIN UCII, de collagène, d’Harpagophytum (ARTPHYTON), ...
Localement :
Différents soins locaux peuvent soulager les jarrets : application de terre (POULTICE), noter que sur les vessigons tendineux la terre armoricaine est bien indiquée, massages avec des produits oxygénants ou au jet d’eau, application d’ANTIPHLOGISTINE, …
En conclusion, attention aux jarrets, ils sont la première cause de boiterie des postérieurs (comme les pieds sont la première cause de boiterie des antérieurs). Il faut apprendre à les observer, les palper, rechercher les déformations extérieures qui vous signalent l’existence de problèmes sous-jacents.
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