Le drenchage des bovins adultes est un technique consistant à envoyer directement dans le rumen une grande quantité d’eau, souvent additionnée de produits à visée thérapeutique. Cette pratique permet une réhydratation rapide et peu coûteuse du bovin, et constitue une méthode sûre pour faire ingérer certains produits médicamenteux.

Comment drencher un bovin ?

En pratique, la mise en place du drencheur se fait en plusieurs étapes :

  • On introduit dans la gueule de l’animal un tuyau rigide (le spéculum), maintenu en place par un pince mouchette. Ce spéculum empêchera le mâchonnement de la sonde souple.
  • On fait ensuite glisser la sonde jusqu’à atteindre le rumen de l’animal. On s’assurera de voir la sonde progresser le long de l’œsophage, situé dans l’encolure à gauche.
  • L’autre côté du tuyau est relié à une pompe qui permet l’envoi des fluides. Le pompage doit être énergique afin de favoriser le brassage du contenu ruminal et le bon mélange des fluides administrés.

Comment drencher un bovinOn peut commencer par envoyer une petite quantité d’eau afin de voir la réaction de l’animal. En cas de toux, retirer la sonde qui se trouve très probablement dans la trachée et bien la replacer dans l’œsophage.

Il est à noter qu’on ne doit drencher qu’un animal debout ou à la limite en décubitus sternal (couché sur le ventre), s’il n’est pas trop faible, mais jamais un animal en décubitus latéral (couché sur le côté), à cause d’un risque non négligeable de reflux ruminal et de fausse-déglutition (passage du fluide dans les poumons).

Pourquoi drencher un bonvin ?

Le drenchage est une technique qui a plusieurs buts :

A- Corriger la déshydratation :

  • Lors de déshydration légère, un drenchage de 30 à 40 L de fluides permet une correction satisfaisante ;
  • Lors de déshydratation plus sévère, le vétérinaire complète souvent le drenchage par une perfusion de sérum hypersalé, ce dernier favorisant l’absorption digestive d’eau.

B- Compléter le traitement médical et/ou chirurgical avec des produits solubles dans l’eau du drenchage :

  • Lors de troubles métaboliques comme une fièvre de lait*, une cétose, des déficits en phosphore, en magnésium (appelée « tétanie d’herbage »), en potassium… ;
  • Lors de pathologies digestives comme une diarrhée, un arrêt du transit, un déplacement de caillette à gauche… ;
  • Lors de toxémie ou de septicémie comme une mammite colibacillaire*, une métrite, une péritonite… ;
  • Plus rarement, lors de maladies rénales ou urinaires.

C-  Administrer des fluides spéciaux, comme par exemple :

  • Des préparations permettant une stimulation de l’activité motrice du rumen lors d’arrêt de rumination ;
  • De l’huile de paraffine lors d’occlusion digestive ;
  • Du « jus de rumen » provenant d’une vache saine lors d’acidose aigüe, afin de réensemencer le rumen. Dans ce cas de figure, il ne faut pas drencher la vache avec de grands volumes d’eau !

Qu’est-ce que le drench lact ?

Le Drench Lact est une préparation orale soluble de plusieurs sels minéraux et d’extraits phytothérapeutiques. Il est particulièrement indiqué lors de troubles infectieux et/ou toxémiques, principalement lors de mammite colibacillaire. Il viendra en complément du traitement classique : perfusion de sérum hypersalé, injections d’anti-inflamatoire et d’antibiotique (voir billet sur « la mammite colibacillaire »).

Il est composé :

  • De différents sels minéraux: chlorure de potassium, de sodium, de magnésium, de calcium et phosphate monosodique. Ces minéraux sont sous forme hautement assimilables, permettent la compensation des déficits induits par l’infection et garantissent de plus une bonne absorption de l’eau au niveau ruminal ;
  • De molécules fournissant de l’énergie: du proprionate et du sorbitol ;
  • De quatre extraits végétaux: le chardon-Marie, l’orthosiphon, l'artichaut et le bouleau. Ces plantes visent à soutenir l’animal par leur apport en molécules antioxydantes et en favorisant et soutenant les fonctions hépatiques et rénales. Elles stimulent de plus l’appétit.

Il est conseillé de dissoudre la poudre (y compris celle du sachet intérieur) dans 30 L d’eau tiède et de l’administrer par drenchage. Il peut être utile de renouveler l’administration 24h plus tard, si l’état de l’animal le nécessite.

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