Le syndrome de Cushing est une maladie fréquente du vieux cheval. S’il est facile à reconnaître lorsque la maladie est à un stade avancé, c’est plus difficile au début. Alors qu’il est important, pour le confort de vie du cheval, de mettre en place le traitement dès que possible.

Qu’est-ce que le syndrome de Cushing ?

Le syndrome de Cushing est une maladie liée à un dérèglement hormonal :

  • L’hypothalamus, une glande située à la base du cerveau, s’atrophie, dégénère, et ne sécrète plus assez de dopamine.
  • En réaction, l’hypophyse, une autre glande, toujours située à la base du cerveau, qui fonctionne sous le contrôle de l’hypothalamus, se met à grossir et à hyper secréter une hormone nommée ACTH (AdrenoCorticoTropic Hormone).
  • Cette hypersécrétion d’ACTH agit sur les glandes surrénales (situées près des reins) et entraine une hyper sécrétion de cortisol.
  • Le cortisol est une « hormone de stress » qui impacte le métabolisme du glucose, des protéines, des lipides, la régulation de l’appareil immunitaire, …

C’est donc une réaction en chaine de perturbation des sécrétions d’hormones qui explique l’ensemble des symptômes observés.

Voici un schéma illustrant cette cascade :

C M. Delerue

S’il n’y a que 0,5% de cas dans la population générale, le nombre augmente nettement avec l’âge : 20% des chevaux de plus de 15 ans sont atteints, et 40% des plus de 30 ans.

Quels sont les symptômes du syndrome de Cushing chez les chevaux ?

Les symptômes sont nombreux et variés, mais certains plus évidents que d’autres à observer :

Symptômes cutanés

Le plus flagrant est l’hirsutisme (mot qui vient de l’adjectif hirsute), encore nommé hypertrichose : le poil est épais, long, emmêlé, ébouriffé, et donne un aspect très particulier au cheval. Souvent les mues sont incomplètes.

Cheval atteint d’hirsutisme, caractéristique d’une maladie de Cushing

Symptômes locomoteurs

On observe de la fourbure chronique, ou des épisodes subaigus de fourbure, ainsi qu’une descente des boulets à cause d’une élongation du ligament suspenseur (laxité ligamentaire).

Stries caractéristiques d’une fourbure chronique

Signes généraux

La silhouette du cheval change, le dos se creuse (perte de la musculature dorsale) et l’abdomen est ballonné (on dit « pendulaire »).

Ces signes sont souvent mis sur le compte de la vieillesse et ce n’est qu’après avoir observés les autres symptômes que l’on fait le rapprochement avec la maladie.

L’atteinte du système immunitaire entraine une baisse des défenses, et les infections en profitent pour se développer plus facilement :

  • Abcès de pied ;
  • Infections respiratoires ;
  • Sensibilité accrue au parasitisme digestif ;
  • Risque plus important d’attraper des maladies contagieuses : Grippe, Rhinopneumonie, …

Tous ces symptômes peuvent être confondus avec des signes normaux de vieillissement, ainsi qu’avec un autre dérèglement hormonal, le SME, ou Syndrome Métabolique Equin, qui lui est une perturbation endocrinienne du métabolisme de l’insuline. Aussi, en cas de doute, il sera indispensable de faire appel à votre vétérinaire pour faire le diagnostic.

Comment faire de diagnostic d’un syndrome de Cushing chez le cheval ?

Il faut bien évidemment être d’abord attentif à l’état du cheval, et savoir observer les symptômes que nous avons énumérés.

Le diagnostic passe par une prise de sang envoyée au laboratoire pour demander un dosage d’ACTH.

  • Si le résultat est évident, cela confirme la suspicion diagnostique ;
  • Si le résultat est douteux, le vétérinaire peut effectuer deux autres tests :
    • Le test de suppression à la dexaméthasone, ou.
    • Le test stimulation à la TRH (Hormone thyréotrope).

Le vétérinaire demandera aussi un test pour écarter l’hypothèse d’un Syndrome Métabolique Equin (signes majeurs = obésité et fourbure), sachant néanmoins que le cheval peut aussi avoir les deux maladies hormonales.

Comment traiter le syndrome de Cushing chez le cheval ?

Il n’existe qu’un traitement permettant de remplacer le déficit en dopamine, c’est le Prascend ND (nom commercial), dont le principe actif est le pergolide.

Ce médicament remplace la dopamine et agit sur l’hypophyse pour réguler la sécrétion d’ACTH.

Vous comprenez donc bien qu’il ne guérit pas le cheval, il doit être donné tous les jours et toute la vie, afin de pallier au défaut de sécrétion d’ACTH par l’hypothalamus.

Quels soins et mesures préventives peut-on mettre en place ?

Ils sont logiques lorsque l’on reprend la liste des signes cliniques :

  • Maréchalerie : le suivi doit être plus fréquent que sur un cheval normal, il faut faire faire un parage très régulier afin d’éviter toute blessure ou abcès de pied ;
  • Dentiste : idem, le suivi doit être régulier et fréquent pour éviter tout développement d’infections dentaires ;
  • Vermifugation : il est conseillé d'effectuer des examens des crottins pour rechercher la présence de parasites digestifs, de vermifuger régulièrement en fonction des résultats, et de bien gérer l’environnement pour éviter les ré infestations ;
  • Tonte : tondre à la belle saison lorsque la mue a été incomplète et qu’il reste du poil hirsute ;
  • Vaccination : vu les risques de contagion et de sensibilité accrue aux infections il faut vacciner plus fréquemment ces chevaux là : Tétanos tous les ans et non pas tous les 3 ans, Grippe et Rhinopneumonie tous les 3 à 6 mois et non pas tous les 6 à 12 mois ;
  • Accès de fourbure : limiter l’accès au pâturage l’été et l’automne, et prendre des mesures alimentaires :
    • Foin de faible valeur énergétique ;
    • Eviter les concentrés à base de céréales ;
    • Compenser avec un apport de matières grasses.

En conclusion, le syndrome de Cushing est plus fréquent qu’on ne croit chez les chevaux, et c’est surtout une maladie des vieux chevaux. On peut passer à coté en pensant que ce sont juste des signes de vieillissement. Face à ces signes, il sera important de demander l’avis du vétérinaire afin de ne pas passer à coté du diagnostic, et de mettre en place le traitement pour améliorer le confort et l’espérance de vie du cheval.

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