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La Compagnie des Animaux
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Vrai ou Faux : Le cheval est un animal peureux
Vrai ou Faux : Le cheval est un animal peureux
Si vous avez bien suivi nos articles, vous connaissez déjà la réponse : oui, trois fois oui. Les chevaux sont peureux, parce que ce sont des proies, et c’est leur survie qui est en jeu. Je dirais plus craintif que peureux, car certains chevaux sont très courageux, mais c’est jouer sur les mots.
Définition de la peur
La peur est une émotion. Elle est ressentie en présence d’un danger, ou dans la perspective d’un danger. C’est-à-dire que l’animal anticipe et déclenche un processus neurologique pour se préparer à agir face à un danger, ou ce qui lui semble menaçant.
« La peur est très certainement l'une des émotions les plus anciennes du monde animal » (Wikipedia)
Le cheval est un prédateur mais aussi une proie
Schéma d’un réseau trophique - ©Depositphotos
Voici à quoi peut ressembler une chaîne de prédation, ou « réseau trophique » :
- Vous observez en haut les prédateurs terminaux, ceux qui ne sont mangés par personnes.
- En bas, les proies terminales, qui ne mangent pas d’autres animaux, mais seulement des végétaux.
- Et entre les deux, toute une série de proies/prédateurs intermédiaires, qui mangent d’autres animaux et servent également à nourrir des prédateurs.
Où est le cheval dans tout ça ? Eh bien tout en bas, une proie terminale, il n’est prédateur que de son brin d’herbe.
Nous avons toujours du mal à nous dire qu’il est plus similaire à un lapin qu’à un loup, mais c’est uniquement à cause de son poids, de sa taille, et de la rapidité de ses réactions.
Il est alors intéressant de se rappeler que l’ancêtre du cheval, il y a 40 millions d’années, Eohippus, avait la taille d’un lièvre, et n’avait qu’un objectif, échapper à ses prédateurs. Ramené à cette échelle, nous comprenons peut-être un peu mieux les réactions de proie des chevaux.
L'Eohippus, ancêtre du Cheval, faisait la taille d’un lièvre
Les signes de crainte chez les chevaux
Lorsqu’un cheval suspecte un danger ou perçoit une menace potentielle, il l’exprime et il faut savoir l’observer :
- Il lève son encolure, de façon à voir le plus loin possible (à contrario, un cheval qui a l’encolure basse n’est pas inquiet)
- L’expression de la face change, crispée, tendue (voir photo)
- Il ne s’occupe plus de vous, toute son attention est concentrée sur autre chose
- Sa peau frémit et peut être animée de légers tremblements
- Parfois il émet de faibles hennissements mais aigus
Tout cela, ce sont des signes de danger pour vous, car dans cet état, il ne vous voit plus, il ne sait plus que vous êtes là, et il peut vous renverser, vous marcher dessus, vous arracher la longe pour fuir au grand galop.
Alors, que faire si son cheval a peur ?
- Avant tout, l’éduquer, le socialiser, et cela commence tout petit, par le comportement de sa mère, et le vôtre, pour l’habituer à l’homme.
- Ensuite, ne pas louper le débourrage (première fois que le cheval va être monté). Tout doit se passer dans le calme et la confiance. Un débourrage raté peut marquer un cheval de longues années.
- Et continuer, toute sa vie, à lui apprendre à ne pas craindre tout ce qu’il ne connait pas : objets, bâches plastiques, eau, parapluies, véhicules, etc….
Même en faisant tout cela, il aura peut-être peur, un jour, d’un bruit qu’il n’a jamais entendu, ou d’une ombre derrière une haie… La meilleure réaction est de tout de suite le reconcentrer sur vous, le « remettre aux ordres », prendre le contrôle, en lui demandant quelque chose, un déplacement, tourner, reculer, ce que vous voulez, mais l’occuper à vous obéir au lieu de laisser la peur monter.
Dr Aude Lhérété, vétérinaire et rédactrice