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Quels sont les principaux vers parasites de nos chevaux ?
Quels sont les principaux vers parasites de nos chevaux ?
Le parasitisme digestif est une de vos préoccupations permanentes, et s’il est recommandé de vermifuger 4 fois par an, à chaque changement de saison, il est important, pour s’adapter plus précisément à chaque cas, de connaître les différents vers parasites de nos chevaux. Vers ronds ou vers plats, abordons donc les principaux vers parasites et leurs cycles biologiques.
Petits Strongles, ou « Cyathostomes » chez le cheval
Petits Strongles ou Cyathostomes (source : Helène Ralda)
Vers ronds à la couleur rouge caractéristique, ce sont les plus pathogènes chez les chevaux, qui s’infestent au pré.
Les vers adultes vivent dans le tube digestif, et pondent des œufs qui sont donc excrétés dans les crottins, parfois en très grande quantité, plus de 500 œufs par gramme de crottin.
Une fois à l’extérieur du corps de chevaux, ces œufs vont évoluer, passer par différents stades larvaires, et ce sont les larves L3, larves de 3ème génération, qui sont infestantes, et que le cheval va ingérer en mangeant le brin d’herbe auquel elles sont accrochées.
Une fois réintégrées à l’intérieur du corps du cheval, elles peuvent traverser la paroi intestinale (et donc migrer à travers d’autres organes en y faisant des dégâts), ou, et c’est la grande caractéristique de ces vers, s’enkyster dans la paroi et attendre parfois des années des conditions favorables pour en sortir. C’est ce qu’on appelle « hypobiose larvaire », et le problème est que dans ces conditions de protection pour leur survie, elles sont inaccessibles aux vermifuges.
Le parasitisme par les petits strongles pose de réels problèmes de santé : affaiblissement, méforme, amaigrissement, parfois diarrhées et coliques, risques d’entérotoxémie, ….
A ce problème d’enkystement des larves dans la paroi des intestins, s’ajoute celui d’une résistance aux vermifuges pour certains individus, qui vont donc pouvoir malgré tout proliférer.
Aussi, une fois diagnostiquée une infestation par les cyathostomes, soit directement observés dans les crottins, soit par comptage des œufs dans les crottins (examen de laboratoire), un plan de vermifugation spécifique sera à mettre en place avec votre vétérinaire, ainsi qu’un traitement des pâtures avec de la chaux.
Les Grands Strongles chez le cheval
Grands Strongles, le plus fréquent est Strongylus vulgaris (source : ESCCAP)
Vers ronds, dont les adultes vivent dans la lumière intestinale. Les larves peuvent migrer dans tout le corps, comme beaucoup de vers. Ces larves de grands strongles ont la caractéristique de pouvoir migrer dans les grosses artères, et de fragiliser leur paroi, formant alors une lésion nommée « anévrisme vermineux ». C’est une lésion très grave, car certains chevaux peuvent mourir brutalement de rupture de l’anévrisme, parfois des années plus tard.
On retrouve aussi, sur le plan clinique, suite à l’infestation, les symptômes digestifs et généraux des autres vers : amaigrissement, perte d’état, diarrhées, coliques, …
Le diagnostic spécifique passe généralement par le comptage des œufs dans les crottins, et le traitement par la vermifugation raisonnée avec votre vétérinaire, ainsi que la gestion de l’environnement.
Les Ascaris chez le cheval
Infestation vermineuse impressionnante dans l’intestin grêle d’un poulain par des Ascaris (source : A. Meana)
Particulièrement rencontrés chez les poulains et les jeunes, ces vers ont une capacité de prolifération et de survie impressionnantes : 1 femelle pond 200 000 œufs par jour, donc un poulain parasité peut répandre avec ses crottins 50 Millions d’œufs par jour, et ces œufs peuvent résister pendant 2 à 3 ans.
Les chevaux s’infeste en ingérant des œufs qui contienne des larves, et ces œufs peuvent survivre jusqu’à 3 ans dans le milieu extérieur, en résistant aux pires conditions météo.
Les risques pour la santé sont importants, en dehors de ceux classiquement rencontrés pour tous les parasites digestifs, on peut aussi évoquer les occlusions intestinales des poulains par des « pelotes » de vers entremêlés, comme sur la photo ci-dessus.
Pour ces vers, des résistances aux vermifuges, notamment aux benzimidazoles (Panacur) ont été citées, il est donc important de raisonner la politique de vermifugation avec votre vétérinaire, et de gérer l’environnement par le retrait des crottins (et surtout pas l’épandage et l’étalement des crottins).
Les Oxyures chez le cheval
Oxyure aux marges de l’anus (source : Parasitologie ENVA)
Vers ronds toujours, ils sont plus typiques d’une contamination au box, l’ensemble du cycle pouvant s’y dérouler, depuis la ponte des œufs (jusqu’à plusieurs centaines de milliers par femelles), jusqu’à leur ingestion (portes, murs, mangeoires, abreuvoirs, partout où les chevaux ont pu se frotter).
Les vers sont de couleur blanchâtre, les femelles assez grandes (jusqu’à 15 cm) alors que les mâles beaucoup plus petits (1 cm), et peuvent être observés sur les marges de l’anus, entrainant à cet endroit des démangeaisons et donc des symptômes de grattage importants, d’où des signes observables en termes de comportement, et une queue abimée et ébouriffée à sa base.
La plupart des vermifuges sont efficaces contre les oxyures.
Les ténias du cheval
Infestation par Anoplocephala perfoliata dans le caecum d’un cheval, 1er compartiment du gros intestin (source : ESCCAP)
Les ténias sont des vers plats. D’une forme plus courte et plus ramassée que dans d’autres espèces animales, les vers adultes vivent dans le gros intestin des chevaux, fixés et bien accrochés à la paroi digestive par leurs pièces buccales, bénéficiant de la nourriture ingérée par leur hôte pour proliférer et se développer.
Les vers adultes libèrent des anneaux (segments de vers) remplis d’œufs dans les crottins, et il n’est pas toujours facile de les observer, on peut donc passer à coté d’une infestation.
Les œufs sont libérés dans le milieu extérieur, et ingérés par un hôte dit intermédiaire, un acarien (donc de la famille des poux). C’est cet acarien, un Oribate, fixé à un brin d’herbe, chargé en larve, qui va être ingéré par le cheval.
Comme l’infestation n’est pas évidente à diagnostiquer, on conseille de vermifuger tous les ans contre les vers plats, à la fin de la période au pré (donc vermifugation d’automne ou d’hiver), avec un vermifuge spécifique « vers plats », souvent en forme « duo », vermifuges doubles vers ronds vers plats.
Les gastérophiles chez le cheval
Larves de gastérophiles dans l’estomac d’un cheval (source : F. Beugnet)
Dernière et particulière catégorie que nous étudierons dans les principales espèces de vers parasites, c’est ici une larve de mouche, un « asticot » si vous préférez, qui est en cause dans le parasitisme du cheval, la mouche étant la forme adulte de ce parasite.
La mouche adulte, l’une d’entre elle étant nommée Gastérophilus intestinalis, ressemble à un bourdon. Elle vient pondre ses œufs sur les poils des chevaux, et vous pouvez très bien les observer, petits œufs jaunes-blanchâtres, solidement accrochés aux poils des antérieurs des chevaux, très difficiles à enlever au pansage.
Œufs de gastérophiles accrochés aux poils surtout des antérieurs (source : C. Lebis)
Les chevaux se contaminent par léchage, ou frottements de la bouche, ingèrent les œufs, qui se développent en larves. Ces larves s’accrochent à la muqueuse digestive, par exemple de l’estomac, et profitent de la nourriture ingérée par le cheval, tout en provoquant des lésions locales (ulcérations).
Comme les autres parasites digestifs, on peut observer des signes de maldigestion, mais lors d’infestation massive c’est surtout l’amaigrissement qui peut être impressionnant.
Au bout de quelques mois les larves se détachent et sont éliminées dans les crottins pour retrouver le milieu extérieur dans lequel elles continueront leur cycle pour devenir une mouche adulte.
En conclusion, si vous connaissez ces 6 parasites principaux, et leurs particularités, c’est que vous avez de bonnes connaissances de base.
D’une façon générale, il faut retenir que tous les chevaux sont parasités, mais que notre but est de maintenir la population de vers à un niveau suffisamment faible pour qu’il soit compatible avec la bonne santé du cheval. Pour cela, il faut à la fois rompre les cycles internes au cheval, donc vermifuger, avec des médicaments vétérinaires, et rompre les cycles externes, donc gérer l’infestation et la ré-infestation dans l’environnement.
Pour mieux aborder la vermifugation en tenant compte des spécificités de votre effectif, nous vous recommandons bien sur de vous rapprocher de votre vétérinaire traitant, afin de pratiquer ce que l’on nomme très justement une « vermifugation raisonnée », qui passera par un examen de choix, la coproscopie (examen des crottins).
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