Hiérarchie, dominance, soumission, obéissance… Ces mots sont de plus en plus souvent rejetés par les amoureux des chiens, notamment en raison de leur connotation négative. En effet, ils nient le concept d’une organisation sociale du chien parce que la référence à l’individu dominé est clairement péjorative. Tout dépend en réalité du sens que l’on prête à ces termes, et parfois, dans les discussions, selon le domaine concerné (éthologie, médecine vétérinaire, éducation canine, élevage, etc) les avis divergent sur les mots mais les idées sont heureusement les mêmes !

Pour les animaux sociaux, une hiérarchie est souvent entendue par les scientifiques ou dans le langage courant comme une hiérarchie « de dominance ». C’est-à-dire, une organisation reposant sur des relations de dominance et de soumission, donc de pouvoir, dans un groupe d’une même espèce.

Le modèle de la toute puissance de l’individu « alpha », en général un mâle qui s’octroie toutes les ressources et s’exprime par de la force et de l’agressivité pour se faire respecter, est réductrice ; elle est effectivement totalement fausse en ce qui concerne le chien.

Le chien est un animal domestique qui n’a rien de naturel : les races de chiens sont travaillées et modelées par l’être humain depuis des siècles, elles ne sont plus identiques à un quelconque animal sauvage ni même au loup depuis longtemps ! On oublie donc le modèle du loup, écarté depuis longtemps (plus de 10 ans) par les études scientifiques qui démontrent clairement la différence d’organisations entre les deux espèces

La « dominance » est un système qui permet d’exercer un pouvoir dit « souverain » en utilisant la contrainte… Encore une fois, peu applicable à votre chien !

Si en revanche, vous comprenez « hiérarchie » = organisation, donc leadership, comme dans une entreprise gérée sans conflit, vous êtes bien plus proche de la réalité du chien, ou en tout cas de ce que l’on en sait et de ce que l’on observe. Les postures dites « de soumission » très caricaturales chez le chiot, en cas de conflit ou de la part d’un animal malade, perturbé (etc…) sont des techniques de communication nécessaires pour ces individus-là. Ils apprennent, ou sont dans une situation délicate, leurs postures sont donc souvent beaucoup plus démonstratives. Hors conflit, hors maladies, les chiens adultes sereins sont moins exubérants, et leur tolérance est généralement importante, on n’observe plus alors les mêmes attitudes.

  • La hiérarchie fait référence à l’organisation des individus et à leur statut dans un groupe stable, pour lesquels des règles de vie et des techniques de communication sont établies.
  • La dominance est le fait d’être « chef » et de pouvoir mener et réguler ce groupe, y compris par de l’agressivité en cas de conflit.
  • « Être dominant » fait référence, dans la langue française, à un statut de chef, ou à un individu qui serait de tempérament agressif, ou également à un individu perché en hauteur… Tout ne s’applique donc pas à nos chiens…

Aujourd’hui, le consensus dans le monde vétérinaire et de l’éducation canine est le concept de leadership, que ce soit de la part d’un chien vis-à-vis d’autres, ou de l’humain vis-à-vis de son compagnon canin. Depuis plus de 20 ans, les habitudes de vie et les apprentissages sont mis en place dans la douceur, par de plus en plus de professionnels, avec des techniques positives qui font appel à la motivation. Servez-vous en aussi, car avec du temps et de la patience, les conflits disparaissent !

Dr Muriel Alnot, vétérinaire et rédactrice