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La Compagnie des Animaux
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Alimentation des chevaux : Les concentrés
Alimentation des chevaux : Les concentrés
Lors de l’article précédent, nous avions abordé la base alimentaire du cheval : le foin. Lorsque le cheval va devoir fournir un effort plus important que le simple repos, soit pour un travail (Ex. sarclage des vignes), soit pour le sport (course, concours), le foin ne peut plus couvrir tous les besoins. Il faut complémenter la ration avec des aliments dits « concentrés ».
Pourquoi dit-on « concentrés » ?
Ce terme est lié à la concentration de calories dans un faible volume d’aliment. Contrairement au foin qui représente un gros volume, ici les céréales par exemple vont avoir un fort pouvoir nutritionnel en petite quantité.
Le saviez-vous ? Les « calories », ou « énergie » de la ration, ne doivent surtout pas être confondues avec l’énergie du cheval lui-même sur le plan du comportement (on emploie alors plus l’expression « un cheval qui a du sang », c’est-à-dire de la vivacité).
Le taux d’énergie élevé d’un aliment aura pour conséquence la prise de poids, la prise « d’état » dit-on chez les chevaux, si cet apport de calories n’est pas dépensé par l’exercice. A contrario, si une ration ne fournit pas suffisamment de calories, le cheval va maigrir, ou « perdre de l’état ».
L’énergie est mesurée et calculée par une analyse de l’aliment, elle s’exprime en UFC (Unités Fourragères Cheval), et pour exemple, un foin à 0.5 UFC/kg est énergétique (donc bien nourrissant), tandis qu’un concentré va généralement se situer vers 1 UFC/kg.
Exemples de valeurs énergétiques :
- Orge : 1 UFC / kg
- Avoine : 0.85 UFC / kg
- Maïs : 1.10 UFC/kg
- Foin : 0.25 à 0.6 UFC/kg
- Granulés et floconnés du commerce : 0.7 à 0.9 UFC/kg
Quelles sont les sources de concentrés chez les chevaux ?
Ainsi, les aliments concentrés, distribués en complément de la ration de foin, peuvent être composés de multiples ingrédients . Le choix est fonction du niveau d’exercice des chevaux et de l’organisation de l’écurie. En premier lieu viennent toujours les céréales, auxquelles on peut adjoindre d’autres sources intéressantes.
Les céréales (source majeure de glucides)
Les 3 céréales utilisées chez les chevaux sont l’orge, l’avoine, et le maïs . Elles apportent de l’amidon, source du glycogène musculaire, carburant essentiel chez le cheval.
- L’avoine est très souvent utilisée en France, noire ou blonde (mais contrairement aux idées reçues qui souvent considère que l’avoine noire est plus « excitante », elles ont la même valeur alimentaire), c’est un grain tendre, facile à mastiquer pour le cheval, et peut donc être distribuée telle quelle, ou aplatie.
- L’orge est un grain dur, impossible à mastiquer si elle ne subit pas un traitement préalable. Elle doit être soit concassée (« broyée » en morceaux plus fins) ou floconnée (pré cuite à la vapeur).
- Le maïs, très utilisé sur le continent américain, est également trop dur pour pouvoir être mastiqué par les chevaux, et doit subir le même type de traitement que l’orge.
L'huile (Lipides)
Excellentes sources d’énergie, les huiles permettent d’augmenter la densité énergétique d’une ration sans apport supplémentaire d’amidon. Elles fournissent des apports d’acides gras essentiels oméga 3 et oméga 6, complémentaires des trois céréales de base précitées .
Les tourteaux (Source de protéines végétales)
Les tourteaux sont des concentrés ayant l’aspect d’une farine grossière, obtenus après extraction des huiles contenues dans différentes graines. Ils sont souvent riches en protéines. En complément des protéines déjà contenues dans le foin et les céréales, l’un des tourteaux les plus utilisés, le tourteau de Soja, apporte une source de protéines végétales indispensables, en particulier des acides aminés essentiels, dont la Lysine et la Thréonine , en quantité souvent insuffisante dans les autres ingrédients.
L'alimentation « traditionnelle » VS alimentation « industrielle »
Alimentation « traditionnelle » : s’adapter au cas par cas
En complément de la distribution de foin, les repas de concentrés (deux à trois repas par jour) sont composés à partir d’aliment « natifs » (c’est-à-dire des grains nus).
Les ingrédients de base, le plus souvent une ou deux céréales, de l’huile, du tourteau de soja, sont assemblés au moment de la distribution.
Ce principe, généralement plus adaptés aux petits effectifs, permet de savoir exactement ce que l’on donne et de choisir ses matières premières. C’est un peu comme si vous préfériez faire votre soupe avec des légumes choisis un par un, plutôt qu’acheter une soupe toute faite. Par ailleurs ce mode d’alimentation revient souvent moins cher.
Alimentation « industrielle » : l’aspect facile et pratique
L’aliment concentré est déjà prêt et mélangé, conditionné en sacs ou en vrac, sous formes de granulés (dans lesquels on ne peut distinguer les ingrédients) ou de floconnés (dans lesquels on reconnait une partie des céréales utilisées).
De très nombreux fabricants existent sur le marché, et proposent tous une gamme étendue, avec des aliments adaptés aux différents stades physiologiques (croissance, gestation, sport intensif, …) et aux besoins des chevaux . Un gros effort a été fait sur la qualité et certains aliments sont maintenant excellents. Mais cela reste variable d’un fabricant à l’autre, et il est important de se renseigner entre autres sur les matières premières utilisées. Des informations précieuses sont données par la lecture de l’étiquetage des sacs.
Savoir lire une étiquette :
Légalement, les ingrédients doivent être inscrits par ordre pondéral décroissant. Donc le premier est celui qui est contenu en plus grande quantité, etc… jusqu’au dernier.
- Si votre aliment commence par : Orge, … c’est bien
- Si votre aliment commence par : sous-produits de fourrage, … n’achetez pas, vous allez payer des déchets de paille ou de foin au prix du caviar, et votre cheval a déjà du fourrage
Dr Aude Lhérété, vétérinaire et rédactrice