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La Compagnie des Animaux
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Le coronavirus chinois : Quel risque pour nos animaux de compagnie ?
Le coronavirus chinois : Quel risque pour nos animaux de compagnie ?
Depuis le début d’année 2020, un nouveau coronavirus, le 2019-nCoV, sévit en Chine avec à ce jour, 423 morts et plus de 20000 personnes contaminées. L’épidémie ne cesse de s’étendre partout dans le monde. Si la France compte 6 cas avérés, aucune des personnes rapatriées n’est aujourd’hui concernée. Pour autant, les craintes sont nombreuses et en particulier les risques liés aux animaux. Y a-t-il un risque pour vous, si votre chien ou votre chat est atteint ?
Qu'est-ce qu'un coronavirus ?
Les coronavirus sont une famille regroupant différents virus touchant de nombreuses espèces animales (chiens, chats, porcs, oiseaux, chauves-souris…) et pour certains, l’homme. Les pathologies induites par ces virus sont variées mais touchent principalement les systèmes respiratoires et digestifs.
Les coronavirus du chien
Chez le chien, le coronavirus se traduit en général par une gastro-entérite. Le symptôme principal est l’apparition d’une diarrhée parfois hémorragique. Les chiots sont le plus souvent affectés et leur pronostic vital peut être engagé. Il n’existe pas de traitement spécifique, la thérapeutique mise en place a pour but de lutter contre les manifestations cliniques par l’emploi d’anti-vomitifs, anti-diarrhéiques, perfusions lors de déshydratation…
Le coronavirus du chien ne se transmet pas à l’humain.
Les coronavirus du chat
Chez le chat, le coronavirus félin (FCoV) existe sous deux formes :
- le coronavirus entéritique félin (FeCV) ;
- le virus de la péritonite infectieuse féline (FIPV).
Seul le virus FIPV peut provoquer une maladie incurable et souvent mortelle chez le chat, et uniquement chez le chat ! A l’heure actuelle, on ne dispose pas de traitement ni de vaccin contre la PIF.
Le coronavirus félin n’est pas transmissible à l’homme.
Les coronavirus provenant d’animaux ayant contaminé l’humain
En 2003
Le coronavirus du SRAS a infecté l’homme après avoir été, a priori, retrouvé chez une chauve-souris et une civette (petit félin sauvage).
En 2012
Le coronavirus 2012-nCoV aurait été transmis de l’animal a l’humain, puis de l’humain à l’animal, et enfin de l’animal à l’humain dans une forme plus virulente qu’au départ.
En 2019
Le nouveau coronavirus 2019-nCoV est apparu sur un marché de fruits de mer de Wuhan en Chine, d’une source qu’on pense animale (serpents, rats des bambous, civette…). L’étude de son génome confirme qu’il s’agit d’un virus, proche à 96% du coronavirus présent chez la chauve-souris, qui aurait muté. Un animal sauvage, présent sur le marché de Wuhan, aurait donc servi d’hôte réservoir secondaire. Cet ou ces animaux ont été porteurs du virus 2019-nCoV, sans être eux-mêmes malades, et pourraient l’avoir transmis à l’homme.
Le coronavirus 2019-nCoV est-il un danger pour nos chiens et chats ?
Chaque virus est spécifique à l’espèce qui l’héberge. Il existe donc, ce que l’on appelle une barrière d’espèce, qui empêche, généralement, à un micro-organisme de se transmettre d’une espèce animale à une autre.
Par exemple, le coryza viral félin est très contagieux entre chats, mais ne se transmet ni au chien ni à l’homme.
Cependant, certains coronavirus, dits mobiles, sont capables de subir une mutation pour contourner cette barrière d’espèce. En 2003, le coronavirus du SRAS a été transmis à l’humain via des animaux. On pense qu’il a été d’abord hébergé par une chauve-souris puis par un petit félin sauvage (civette), vendu sur les marchés chinois, avant de se retrouver chez l’homme.
D’après les informations que possèdent aujourd’hui les experts, il n’y a pas de relais avec les animaux domestiques, mais bien avec des animaux sauvages. D’ailleurs, en 2003, aucun cas de SRAS n’a été rapporté chez le chat ou le chien. Le risque de transmission à nos animaux domestiques est donc proche de zéro.
Mais, même si la contagion à nos chiens et nos chats reste peu probable, la labilité des coronavirus invite à la prudence. Ainsi, en cas de fièvre ou de toux après un séjour en Chine ou un contact avec une personne infectée par le coronavirus 2019-nCoV, il est conseillé de protéger son entourage, y compris chiens et chats, par le port d’un masque en attendant un avis médical.
En conclusion, d’après Olivier Terrier, chercheur au CNRS, le risque de transmission du coronavirus 2019-nCoV à nos animaux domestiques, sur le sol français et plus largement en Europe, est quasiment nul.
Dr Christian Jouaneau, vétérinaire et rédacteur