Bien que résistant à de fortes chaleurs, les chevaux peuvent néanmoins être atteints sur le plan de leur santé par des températures extérieures extrêmes. Le Coup de Chaleur est le risque majeur lorsque les capacités de thermorégulation sont dépassées, et il est très important d’en repérer les symptômes afin de pouvoir agir rapidement et efficacement.

La thermorégulation chez les chevaux

La thermorégulation est l’aptitude à maintenir une température interne constante, entre 37 et 38 °C, quelques soient les variations de la température extérieure.
Chez les chevaux, cette régulation lors de fortes chaleurs passe par 2 processus majeurs :

La sudation

Contrairement aux chiens qui ne transpirent que des coussinets, mais pas au niveau de leur peau, et sont donc beaucoup plus sujets aux coups de chaleur, les chevaux sont de véritables machines à transpirer.

Leurs glandes sudoripares, qui secrètent une sueur abondante et salée, sont réparties sur l’ensemble du corps, et se mettent en action très vite quand le besoin s’en fait ressentir, comme vous pouvez l’observer lorsque les chevaux sont à l’exercice.

On observe la sueur apparaître dans des zones préférentielles : encolure, tête, flancs, passage de sangle, poitrail, … 


Zones de sudation : encolure et poitrail ici

La sueur, c’est de l’eau chargée de sels minéraux qui sont largement éliminés avec elle : Sodium, Chlore, Magnésium, Potassium, …, d’où l’intérêt d’aider le cheval à recharger les stocks avec un apport d’électrolytes par voie orale.

C’est l’évaporation de la sueur qui est consommatrice de chaleur et permet de rafraichir le cheval. On comprend donc aisément que lorsque la sueur ne s’évapore plus, par manque d’air, ou un temps trop chaud, ou un air trop chargé d’humidité, ce mécanisme de régulation est dépassé et le cheval ne peut plus faire baisser sa température.

Vasodilatation périphérique

C’est le second mécanisme permettant au cheval de réguler sa température en cas de fortes chaleurs.

La multitude de petits vaisseaux sanguins placés sous la peau et aux extrémités se dilatent afin d’augmenter la surface d’échanges thermiques, ceci étant d’autant plus efficace que la peau est couverte de sueur qui en s’évaporant baisse la température cutanée.

Ce mécanisme peut être dépassé si la température extérieure est trop élevée, et si un défaut d’évaporation par exemple du à une trop forte humidité de l’air entrave les possibilités d’évaporation de la sueur.

Notons que le mécanisme de régulation de la température, le halètement, utilisé par les carnivores, n’existe pas chez les chevaux.

Les circonstances du coup de chaleur

Il se produit lorsque les deux mécanismes précités sont débordés, ce qui se produit quand 3 facteurs sont réunis :

  • Température extérieure très élevée ;
  • Manque de circulation de l’air ;
  • Fort taux d’humidité de l’air.

L’exercice peut être un déclencheur mais pas forcément, des coups de chaleur peuvent se produire au box, ou dans les camions lors de transport.

Ce sont des désordres circulatoires aigus, dus à une vasodilatation périphérique intense, qui prive les organes vitaux comme le cœur d’un approvisionnement sanguin suffisant à son fonctionnement.

Dans les cas mortels le cheval fatigue brutalement, s’essouffle, titube, et s’écroule.

Les symptômes du coup de chaleur et la conduite à tenir

Les symptômes sont les suivants :

  • Sudation majeure, ou au contraire pas de sudation du tout ;
  • Température corporelle augmentée, on considère que le cheval est en danger à partir de 40°C ;
  • Fréquence respiratoire augmentée ;
  • Fréquence cardiaque augmentée ;
  • Cheval abattu, manquant de réactivité, de désintéressant de son environnement, se déplaçant peu et lentement ;
  • TRC anormal : temps de recoloration pris au niveau de la gencive et signalant un désordre circulatoire ;
  • Pli de peau : si celui-ci est persistant il montre que le cheval est déshydraté.

Si le coup de chaleur est grave il peut engager le pronostic vital, il est important de refroidir le cheval rapidement par tous les moyens :

  • Cesser immédiatement l’exercice ;
  • Le desseller et le mettre à l’ombre ;
  • Le mettre dans une zone de circulation d’air, avec des ventilateurs si possible ;
  • Le doucher en évitant les chocs thermiques dus à l’eau trop froide ;
  • Refroidir particulièrement la nuque (centre de régulation thermique) ;
  • Proposer à boire une eau non glacée ;
  • Appeler en urgence le vétérinaire qui jugera si le cheval est en état de choc et indiquera si besoin des médicaments adaptés et la mise sous perfusion.

La prévention des coups de chaleurs

Abreuvement

L’eau doit toujours être à disposition, et ce sont les conditions météo qui sont le facteur majeur de variation de l’abreuvement des chevaux.

En effet, la consommation d’eau varie chez les chevaux de 20 à 70 litres d’eau par jour, ces dernières quantités étant bien évidemment atteintes en plein été lors de fortes chaleurs.

Il faut donc vérifier à chaque passage le bon fonctionnement des abreuvoirs, ou le remplissage des seaux avec une eau propre et fraiche, avec une attention particulière pour les réservoirs d’eau au pré.


Eau propre et fraiche à volonté

Pierre à Sel et électrolytes

Les chevaux régulent très bien eux-mêmes leur besoin en sel, fortement accru par la sudation. Il sera donc important de mettre à disposition des pierres à sel dans les box ou au pré afin de leur permettre de refaire leur réserve.

En cas de sudation fortement sollicitée par le sport, comme par exemple en endurance, on peut être amené à apporter aux chevaux des mélanges de sels minéraux, ou électrolytes (voir article correspondant), pour rééquilibrer les pertes par des apports raisonnés.

Zones d’ombre ventilées

Il est évident qu’il ne faut pas laisser attaché un cheval en plein soleil, mais au contraire lui offrir la possibilité de s’abriter en cas de fortes chaleurs.

La notion de circulation d’air est primordiale, plus que la notion de soleil, et il n’est pas rare de voir les chevaux au pré rester au soleil alors qu’ils ont un abri à leur disposition, lorsque l’air est suffisamment sec et circulant.

Aussi, si les box sont surchauffés et manquent de ventilation, les grooms (personnes chargées du bien être et de la gestion des chevaux de sport) installent souvent de gros ventilateurs dans les box en préfabriqués des terrains de concours.

Choisir les heures d’exercice

Tout cela est du bon sens, mais il vaut évidemment mieux travailler le matin à la fraiche qu’en pleine chaleur en milieu de journée.

Rafraichir et doucher

La belle saison est adaptée aux douches prolongées et fréquentes, afin de rafraichir régulièrement les chevaux, pour bien ôter les traces de sueur et permettre au cheval humide après le passage du couteau de chaleur de sécher naturellement en profitant de la fraicheur provoquée par l’évaporation de l’eau.


La douche parfois quotidienne de l’été

Sur certaines épreuves sportives, comme en concours complet ou en endurance, tout le staff autour du cheval développe un tas de techniques de rafraichissement en cours d’effort afin de prévenir les effets délétères que peut avoir la chaleur sur le bien être des chevaux.


Rafraichissement lors d’une épreuve d’endurance

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