Faut-il tondre ou non nos chevaux en hiver ? C’est effectivement en ce moment, octobre-novembre, que les chevaux « font leur poil d’hiver », stimulés par le changement des conditions météorologiques et avant tout, le changement de température.

La « thermorégulation » du cheval

La thermorégulation, c'est la faculté qu’ont les animaux à sang chaud (encore nommés homéothermes) de réguler leur température interne, qui reste constante quelle que soit la température extérieure. Chez les chevaux, elle varie de 37 à 38 °C.

Puisque nous parlons de l’hiver, les mécanismes utilisés par les chevaux pour maintenir une température interne plus élevée que celle de l’extérieur sont :

  • Le frisson : en mettant en mouvement les muscles, par de légères contractions réflexes, le corps consomme des carburants (glucides et lipides) et cette réaction dégage de la chaleur ;
  • Le poil se hérisse : à la base de chaque poil, un petit muscle, le muscle pilo-érecteur, se contracte, ce qui permet aux poils d’emprisonner de l’air et de former une couche isolante ;
  • Les petits vaisseaux sanguins périphériques se contractent (vaso-constriction) pour privilégier l’afflux de sang vers les organes profonds et éviter les déperditions de chaleur au niveau des extrémités.

En pratique, les chevaux s’adaptent bien mieux que nous à des températures basses, aucun problème entre 5 et 25°C pour un cheval non tondu, et bien sûr, nourri correctement (nombre de calories apporté par la ration suffisant). La couche de graisse que possède le cheval va également jouer un rôle de protection important.

Tout change si le cheval travaille, et fourni des efforts physiques qui vont faire monter sa température.

C’est aussi inconfortable que de courir plusieurs km avec une grosse doudoune pour vous. Pour faire baisser cette « surchauffe », le cheval utilise alors sa meilleure arme, la transpiration, mais la sueur ne pourra que très difficilement sécher au fur et à mesure de sa sécrétion, à cause du poil très épais, qui perd ainsi sa capacité isolante. Et là, attention au coup de froid !

Sur un poil assez long (comme sur la photo à droite), il faut du temps pour sécher le poil. Ici, la technique du « bouchonnage », avec une grosse poignée de paille on frotte en tous sens et surtout à rebrousse-poil. Notez que l’encolure (comme les flancs, le poitrail, l’entrecuisse) est une zone de sudation préférentielle.

La « thermorégulation » du cheval

A quel moment faut-il tondre son cheval ?

Si l’on veut éviter de tondre, il faut éviter un exercice trop intense ou très répété. L’absence de tonte convient bien aux chevaux qui vivent au pré, et font deux à trois promenades calmes par semaines.

À vous d’estimer l’exercice que le cheval peut effectuer sans sudation excessive. À vous aussi de passer le temps qu’il faut ensuite avec lui pour le sécher : bouchonnage, brossage, mettre une fine couverture appelée « une séchante » pour sa capacité d’absorption.

Une bonne technique est de le mettre à l’abri des courant d’airs avec une séchante sous laquelle on glisse des paquets de paille pour former un matelas, le temps qu’il soit sec.

Une technique possible pour éviter que le poil soit trop long ou trop épais est de mettre au pré une couverture de paddock solide et pas trop chaude, cela évite une pousse accrue. Mais elle a le gros inconvénient de devoir exiger une surveillance plus importante : enlever régulièrement la couverture pour vérifier ce qui se passe dessous, vérifier les attaches, la laver…

Si l’on tond, plusieurs possibilités s’offrent à vous, dans le type de tonte, et leur rythme.

Quel matériel faut-il pour tondre son cheval ?

Il est déjà, en lui-même, un investissement. Il faut une grosse tondeuse, adaptée aux chevaux, et le matériel d’entretien et de fonctionnement qui va avec : peignes, huile, … Les peignes des grosses tondeuses permettent une longueur de coupe du poil variant entre 2 et 4 mm, au choix.

Pour les finitions (tête, oreilles, certaines parties des membres, le long de la crinière), il est plus pratique d’utiliser une petite tondeuse, sans fil (avec support de recharge), en choisissant un peigne qui tond à peu près le poil à la même longueur que la grosse pour éviter les démarcations.

Quel matériel faut-il pour tondre son cheval ?

Comment préparer son cheval avant la tonte ?

Choisir un endroit calme, suffisamment spacieux pour éviter les risques d’accident, et faire un pansage soigneux du cheval, car tondre un poil sale et gras est bien plus difficile.

Si le cheval n’est pas habitué à la tonte, et montre des signes d’anxiété, une bonne technique de « désensibilisation » peut être faite avec une brosse à dents électrique, pour d’abord l’habituer au bruit, puis au contact des vibrations.

Avoir à l’esprit que les peignes chauffent, donc faire une pause de 5 minutes tous les ¼ d’heure, en profiter pour brosser les poils tondus ou faire les finitions avec l’autre tondeuse.

Quelles sont les différentes tontes pour un cheval ?

Avant la tonte totale, membres et tête inclus, qui conviendra aux chevaux de sport intensif, on trouve toute une panoplie de tontes partielles, qui viseront avant tout à raccourcir le poil des zones de sudation majeures.

Quelles sont les différentes tontes pour un cheval ?

  • Tonte « tablier » ou tonte « de trait » sont des variantes d’une tonte couvrante, ne dégageant que les zones encolure, poitrail, ventre, +/- flancs et entrecuisse. Si elles manquent d’esthétiques (elles alourdissent la silhouette), elles sont un bon compromis pour un exercice modéré mais la possibilité de mettre au pré tel quel et d’éviter, si le temps n’est pas trop froid, l’usage de couvertures.
  • La tonte « en manteau » est l’une des plus fréquente pour les chevaux de club, le « manteau » laissé sur le dos pouvant être diminué pour ne couvrir que la zone de la selle, tonte dénommée alors « tonte de chasse » (classiquement faite aux chevaux de chasse à courre).
  • La tonte la plus classique est la suivante : on ne laisse que les membres, car ceux-ci, avec leur creux et leurs reliefs osseux, sont les plus difficiles à tondre. Souvent, on peut laisser une zone non tondue au garrot, en guise de protection supplémentaire contre les frottements, et un petit triangle au-dessus de la queue, pour éviter d’entamer les crins.
  • Et bien sûr, la tonte totale, celle des sportifs, la plus élégante mais aussi la plus astreignante. Souvent avec un poil très court, le « poil de souris » selon l’expression, très fin et très doux, qui est la base du poil d’hiver.

A vous de choisir, et d’acquérir la dextérité qui joindra la rapidité d’exécution et la symétrie des lignes. Sachez qu’il existe des tondeurs professionnels, qui se déplacent dans les écuries, et effectuent les tontes désirées à des prix fixés à l’avance.

Tonte cheval