Nos chères petites boules de poils, si mignonnes et innocentes sont de véritables fléaux pour la biodiversité. Ils sont responsables de l’extinction de 63 espèces de mammifères, oiseaux et reptiles depuis un demi-millénaire, selon les recherches du spécialiste australien Tim Doherty. En Australie, les chats harets (chats domestiqués pendant une partie de leur vie puis retournés à l’état sauvage) sont considérés comme un facteur important d’extinction de plusieurs dizaines d’espèces endémiques (un peu moins de 200 proies par an) et une commission d’enquête parlementaire a été ouverte l’année dernière.

Pourquoi mon chat chasse-t-il des animaux sauvages ?

Les chats conservent leur instinct de chasseur toutes leur vie. C’est une activité ancrée à part entière dans leurs gènes. Si la prédation est dictée par la faim, la chasse est pratiquée par jeu et instinct. Cette habilité est acquise auprès de la mère qui enseigne la chasse par imitation à ses petits. Un chat prend la chasse comme un jeu : parfois il ne tue pas tout de suite la souris qu’il a entre les pattes. Il lui donne des petits coups de patte jusqu’à ce qu’elle s’enfuie, puis la rattrape … Tous ses sens restent éveillés, sa mort ne lui importe guère puisqu’il ne la mangera pas forcément. Ce petit jeu le détend et relâche la tension accumulée lors de l’attente du meilleur moment pour attaquer.

Il peut ensuite l’apporter à son propriétaire, tout content de son exploit. Il le garde en ressource alimentaire supplémentaire : il conserve son instinct de stockage de proies sur son territoire. Il ne sert à rien de le punir ou de lui crier dessus. Cette activité sportive est tout à fait normale pour lui … S’il mène une vie sédentaire en appartement, la chasse pourra constituer un véritable exutoire pour lui !

Quelles sont les proies du chat ?
Chat qui chasse

Que ce soient des rongeurs (musaraignes, campagnols, souris, mulots, rats des champs…), des oiseaux (rouge-gorge, moineaux, mésanges, pinsons, et tous les œufs et bébés de n’importe quelle espèce encore en position dans leurs nids) ou des reptiles (lézard, orvet…), les chats sont des prédateurs de nombreuses espèces. A titre d’exemple, en 2020 « plus de 14% des animaux recueillis dans les sept centres de soin LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) avaient subi une prédation exercée exclusivement par le chat. Les victimes des chats sont constituées à 90% d’oiseaux et 10% de mammifères. Les trois espèces d’oiseaux les plus affectées sont le moineau domestique, le merle noir et la tourterelle turque » d’après l’association.

Ils peuvent aussi faire des dégâts dans les populations d’insectes et de poissons, même s’ils sont plus hésitants à mouiller leurs pattes ou à attaquer un insecte avec un dard.

Mon chat chasse et tue, dois-je améliorer son alimentation ?

Le chat est un grignoteur qui a besoin d’une alimentation équilibrée, aux textures et goûts variés. Les croquettes ou l’alimentation humide (pâtée ou gelée) peuvent lui convenir si la gamme proposée est de qualité et de haute valeur nutritionnelle.

Selon des études de la LPO, un chat correctement nourri peut capturer en moyenne 27 proies par an, contre 273 pour un chat errant et 1071 pour un chat haret. "Certains aliments pour chats contiennent des protéines d'origine végétale comme le soja, et il est possible que malgré la formation d'un 'régime complet', ces aliments laissent certains chats carencés en un ou plusieurs micronutriments - les incitant à chasser", a déclaré Martina Cecchetti, PhD. étudiant qui a mené les expériences.

Dois-je laisser mon chat chasser et tuer des animaux sauvages ?
chat avec un oiseau

Le chat aime jouer. Il peut être bien logé et nourri, et pourtant courir après des proies dans le seul but de s’amuser. S’il ne joue pas suffisamment, il peut essayer d’exercer son talent de prédateur à l’aube ou au crépuscule (l’un des moments les plus appréciés de la faune sauvage…).

Le jeu permet d’extérioriser son instinct de chasseur, vous pouvez essayer de le détendre en jouant avec lui (courses-poursuites, boule de papier aluminium, boite en carton, ficelles…). Les chats n’ont pas besoin de jeux sophistiqués pour s’amuser !

Comment limiter la prédation du chat ?

Il n’existe pas de solution miracle qui stoppera nette cette prédation. Il est néanmoins possible d’équiper son jardin avec des dispositifs pour éloigner les chats ou les empêcher d’accéder aux arbres et nichoirs.

  • Grilles stop chat ;
  • Colliers avec des clochettes suffisamment sonores pour faire fuir les oiseaux ;
  • Tube PVC ou entonnoir autour des arbres ;
  • Répulsif maison à base d’huiles essentielles d’Eucalyptus radiata, d’eau et de jus de citron, à pulvériser sur les troncs d’arbres par exemple.
  • Arrosage automatique avec détecteur de mouvements ;
  • Ne pas le laisser sortir aux horaires où toute la faune sauvage est à l’extérieur (à l’aube et au crépuscule, après un long moment de pluie).

Les autres solutions consistent à diminuer la population de chats (ou du moins limiter l’augmentation exponentielle de chats sauvages) via :

  • La stérilisation ;
  • L’identification par puce électronique ;
  • Le piégeage à des fins de stérilisation des chats semi-domestiques et des chats harets dans le respect du bien-être animal.

Il peut être intéressant de développer des zones de refuges pour les animaux sauvages : cela leur permettra de se cacher en cas d’attaque par un prédateur. Cela peut consister en des zones d’herbes hautes, des haies épineuses, des petits tas de pierres, des spirales à insectes….

Les chats sont des chasseurs nés. Il n’est pas évident de refreiner leurs ardeurs mais les astuces citées ci-dessus peuvent vous aider à réduire leur impact sur la biodiversité. Une bonne alimentation, une activité sportive et de détente suffisante tous les jours et surtout la stérilisation contribuent à diminuer la prédation.

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